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il s’effondra sous la pression des Hongrois et des Polonais (au milieu du XIVe siècle).

C’est alors que commença à se développer, au Nord de l’Ukraine, le duché lithuanien qui comprit aussi le petit duché de Blanche-Russie. Les princes et les habitants de l’Ukraine, harcelés par les Tatares, acceptèrent aussi l’autorité lithuanienne qui, d’une part n’était pas redoutable pour eux et qui devait, d’autre part, les aider à se défendre contre les nomades. L’Ukraine, hormis sa partie occidentale, fit partie du grand duché de Lithuanie.

Dans cet État lithuano-ukrainien, ou plus exactement lithuano-russ (la Blanche-Russie en faisait aussi partie), les deux nations s’entendaient fort bien. L’autorité appartenait au grand duc lithuanien ; mais le rôle prépondérant était joué par les Ukrainiens dont la culture, influencée par Byzance, était beaucoup plus avancée. Cet État continuait à défendre le pays contre les Tatares. Au XVe siècle, les forces de ces derniers dans le Sud, en Crimée, devinrent plus agressives, tandis que la puissance des Tatares du Volga diminuait sans cesse, ce qui permettait aux Moscovites de constituer tranquillement leur État. La force des Khans de Crimée s’accrut encore lorsque les Turcs s’emparèrent de Constantinople. L’agression tatare devint telle que la résistance des forces gouvernementales ne suffisait plus et que le peuple lui-même organisa sa défense. Les hommes les plus audacieux formaient des compagnies armées et allaient dans les steppes et combattaient les Tatares. C’étaient les Cosaques ukrainiens. Leur vie, leur origine, leur organisation forment une des pages les plus curieuses et les plus captivantes de l’histoire. Leur siège le plus célèbre était les îles du Dnièpr (Sitche des Zaporogues). C’était une communauté militaire possédant ses terres, ses pêcheries, ses chasses, etc., ayant des lois à la fois très démocratiques et très sévères.

Les Cosaques se divisaient en groupes militaires (Kourinis) qui avaient leurs attamans de Kourinis. À la tête de toute la sitche était un attaman en chef. Il était élu à la Rada (assemblée de tous les Cosaques qui discutaient aussi les questions les plus graves de la guerre et de la paix). Les Cosaques ukrainiens, qui tout d’abord n’avaient soutenu qu’une lutte défensive, ne tar-