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élaborer la Constitution de l’Ukraine et préciser les relations du pays avec la Russie et les autres États voisins. Selon la loi électorale de la Rada Centrale (suffrage universel, proportionnel, etc.), les élections ont eu lieu en décembre. La Constituante devait se réunir en janvier 1918 ; mais la gravité des événements rendit cette réunion impossible.

Le gouvernement ukrainien avait à combattre, d’une part, les bandes bolcheviques qui quittaient le front sud-ouest de la grande guerre et envahissaient toute l’Ukraine, pillant, incendiant, massacrant et répandant un désordre effroyable. D’autre part, il devait combattre les troupes bolcheviques qui envahissaient l’Ukraine du Nord.

Sous cette double menace mortelle, il accepta de signer la paix séparée de Brest-Litovsk, bien que la Rada Centrale adhérât toujours ardemment au principe de la paix générale.

Dès le début de l’occupation de l’Ukraine par les Allemands, une opposition violente se manifesta à la Rada Centrale contre la conduite de l’État-major allemand et de ses troupes. Mécontents de cette opposition, les Allemands firent occuper par un de leurs régiments le siège de la Rada qui, dès lors, dut cesser de fonctionner. D’autre part, le quartier général allemand soutint, les armes à la main, le candidat des grands propriétaires du pays, le général Skoropadsky qui fut acclamé par ses partisans hetman de l’Ukraine.

La Rada Centrale avait toujours suivi une politique essentiellement démocratique et avait entrepris de larges réformes sociales, surtout en ce qui concerne la question agraire. Tout au contraire, Skoropadsky eut une politique réactionnaire et suspendit notamment l’exécution des réformes agraires. Les partis ukrainiens s’opposèrent tous au régime introduit par l’hetman qui s’entourait uniquement d’anciens fonctionnaires tsaristes, russes d’origine et sympathiques à l’État-major allemand.

Skoropadsky a promulgué une loi fondamentale qui ressemblait étrangement à l’ancienne loi de l’empire russe et qui lui donnait dans le pays les pouvoirs d’un vrai dictateur. Il a rejeté l’idée d’une Constituante, promettant seulement un parlement pour l’heure où la tranquillité serait revenue dans le pays.