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en intelligence pour l’exercice des professions industrielles, n’attendaient qu’une occasion pour réprimer cette espèce d’émancipation, et il n’y avait d’autre moyen de l’empêcher ou de la retarder indéfiniment que d’envelopper l’élite de la population des hommes de couleur dans une commune proscription.

L’occasion se présenta : un écrit publié en France avec toutes les formalités légales, qui ne contient que des faits notoires et justifiés authentiquement par les actes de la législation locale, est introduit dans la colonie de la Martinique ; aussitôt une adresse insolente et séditieuse fut portée au gouverneur par les commandans de quelques paroisses, hommes revêtus d’un caractère public ; ils allaient prendre les armes, si l’autorité n’écrasait à l’instant ceux qui avaient compté sur les promesses du feu roi et de son représentant légitime.

Tout tremble devant la faction coloniale.

Déjà des décrets de prise de corps avaient été lancés contre quelques-uns de ceux qui avaient reçu la brochure ; une procédure criminelle s’instruisait.

Douze des plus notables négocians, ou propriétaires choisis exclusivement parmi les hommes de couleur, sont arrachés la nuit à leurs foyers et déportés sans jugement à bord d’un vaisseau de l’état.

Pour justifier en quelque sorte un acte aussi