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de nos censures. Elle ne peut nous soustraire ce qui seroit essentiel au salut, et dès qu’elle nous prive de la satisfaction de chanter ses cantiques en français, il n’en faut pas davantage pour nous convaincre que la liturgie en latin n’est pas opposée à l’institution divine et à l’enseignement des pères.

À ces opuscules que M. Renaud composa de son fonds, il joignit encore l’édition des Sermons de M. Brugière, son digne ami. C’est la peine que lui donna la correction des épreuves, qui avança sa mort. Sa santé, déjà affoiblie par des études continuelles, par des courses longues et pénibles, par le travail de l’instruction, par les secousses de la révolution, par le chagrin de voir l’établissement auquel il appartenoit, détruit sans retour, et le vide qu’il laissoit dans l’éducation des pauvres enfans de cette immense capitale, alloit en dépérissant, lorsqu’il entreprit de donner au public deux volumes de Prônes. L’ardeur avec laquelle il poursuivit cet ouvrage le réduisit bientôt à l’extrémité ; il fut atteint d’une forte fièvre, suite inévitable d’un squirre au foie. Après un an de langueur et de souffrance, il mourut le 8 Février 1806, âgé de 62 ans.

Nous l’avons vu quelquefois dans son lit de mort ; et nous pouvons assurer qu’il nous à toujours édifié par les sentimens chrétiens dont il n’a cessé d’être animé. La patience, la résignation, le courage avec lequel il a supporté sa dernière maladie ne pouvoit partir que d’une ame, depuis long-temps sous l’empire de la grace, accoutumée aux souffrances et au mépris de tout ce qui flatte les sens. Quelle douceur ! quelle piété tendre ! Combien les paroles, qui sortoient de sa bouche mourante, respiroient le désir de quitter cette terre étrangère, de s’unir avec J. C. ! quelle soumission à la volonté de Dieu ! quelle conformité à la passion de son divin maître dont il étoit constamment occupé ! On n’eut pas besoin de l’exhorter à l’amour de Dieu, il en étoit pénétré : il ne fallut pas employer les moyens ordinaires pour lui adoucir les horreurs du trépas, il attendoit avec joie sa délivrance ; la sérénité qui brilloit sur son visage, et la piété qui éclatoit dans ses discours, édifioient tout-à-la-fois et rassuroient ses amis.

Ainsi meurent les justes. Toute la vie est pour eux l’ap-