Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Renaud, qui mettoit ainsi à profit les momens de récréation, ne pouvoit que bien employer les heures de travail. Alors, il se livroit à l’étude avec une ardeur incroyable. Il auroit souvent passé les bornes de la modération, si le besoin de repos ne se fût fait sentir avec trop d’empire, et si les exercices ne l’eussent empêché de prolonger ses études. Il n’est pas étonnant qu’avec une pareille préparation il ait répandu par-tout la bonne odeur de J. C., et formé des élèves selon le cœur de Dieu.

Les fonctions d’instituteur lui avoient laissé, pendant dernières années de sa vie, assez de relâche pour composer quelques opuscules, dictés par l’amour de la Religion. Le premier, est un Essai pour chanter les Vêpres et Complies en français avec 37 airs notés. Ce Traité fut suivi d’une Dissertation sur la Célébration de la liturgie en langue française, déposée à la Bibliothèque impériale, le premier Juillet 1805. L’un et l’autre de ces deux opuscules ont été approuvés plusieurs hommes distingués dont on conserve les lettres.

Le dernier de ses ouvrages, qu’il déposa aussi à la bibliothèque impériale, est un Recueil de Chants pour le service divinRecueil de Chants pour le service divin, en français, et dont on a fait usage au salut, en l’église de Ste Marie, pendant tout le temps que M. Brugière y a exercé le culte catholique.

Le temps marqué par la Providence n’est peut-être pas éloigné, où les temples retentiront des actions de graces d’un peuple fidèle, en langue vulgaire ; où le cœur, d’accord avec la bouche, célébrera la grandeur de la divinité, avec effusion, avec intelligence. Si l’Eglise a des raisons légitimes pour se refuser maintenant aux vœux de quelques hommes instruits, et aux besoins du peuple, il faut espérer que ces obstacles seront un jour levés, et qu’il nous sera permis de mêler ensemble nos voix et nos prières dans un langage connu de tous. En attendant, gardons-nous de blâmer notre mère commune de sa conduite, et de lui reprocher avec amertume son attachement à la langue antique qui servit à transmettre à nos aïeux le don précieux de la foi et de la morale évangélique ; l’esprit de sagesse qui l’anime suffit pour la mettre à couvert