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deur de son ame ; et la paix dont il jouissoit intérieurement se faisoit sentir dans toutes ses manières, toujours unies sans être compassées. Qui posséda mieux que lui toutes les qualités requises pour l'éducation de la jeunesse, et pour remplacer l'affectueux empressement des parens, chargés par la nature de ce devoir sacré ? M. Renaud ne bornoit pas sa sollicitude à l'instruction de la jeunesse qui lui étoit confiée, il se faisoit un plaisir, disons plus, un vrai besoin de propager les douces influences de la vérité, et la connoissance de la religion. Des livres de piété, dont il faisoit des envois, alloient porter la lumière dans la Bourgogne, dans la Champagne et dans d'autres provinces. Les enfans y apprenoient les Elémens du Christianisme ; les adultes y trouvoient des règles de morale pour toutes les circonstances de la vie ; tous y devenoient les disciples de ces illustres docteurs qui ont si bien connu et défendu la vérité.

M. Renaud faisoit plus : afin de lever tout obstacle qui auroit pu s'opposer à ses vues bienfaisantes, il envoyoit des secours pécunaires à des amis vertueux qui les dispensoient aux parens infortunés, et les mettoit ainsi à même de se priver du travail de leurs enfans durant le cours de leur éducation. Il falloit que M. Renaud sentir tout le prix de l'éducation chrétienne, pour se livrer avec tant d’ardeur à cette bonne œuvre et y consacrer ses facultés, dépositaire des aumônes que des ames charitables y versoient.

Les enfans, néanmoins, n’absorboient pas toute son attention et toutes ses forces. Ses compatriotes qui venoient à Paris trouyoient en lui un ami, un guide, un protecteur : il dirigeoit leurs pas dans cette ville, où les écueils sont si dangereux, et où la vertu sans appui vient souvent faire un triste naufrage ; il leur donnoit des avis sages qu'il fortifioit de ses exemples ; il garantissoit les jeunes gens de la séduction, en leur montrant les suites funestes d’une aveugle confiance, et les retenoit sur les bords de l’abîme, par les secours puissans de la Religion. Le misérable étoit sûr d'être assisté ; sa bourse étoit ouverte au besoin. L’affligé venait oublier ses afflictions auprès de lui, Ses enteetiens et ses lettres ont dissi-