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répandre ensuite dans cette ville, où l’on se rappelle avec satisfaction de l’avoir vu à la tête de l’institution ; et à Paris, où la volonté de ses supérieurs l’appella.

Après quelques temps de séjour dans la rue, de Lappe, il fut employé, pendant nombre d’années, aux Écoles de la section des Quinze-Vingts, jusqu’à la destruction de cette maison. Quand il y fut associé, il abandonna son patrimoine à sa famille, se contentant de la table et des vêtemens de la communauté, et pratiquant la pauvreté qui y étoit strictement gardée. Pour connoître M. Renaud, il faut lire l’origine et les réglemens de cette société qu’il a donnés au public, ainsi la vie de M. Foissin son confrère, avec lequel il a été lié, jusqu’à la mort de ce respectable prêtre. La carrière ordinaire des instituteurs n’est pas semée de ces traits honorables selon le monde, qui ne tient pour grand que ce qui est éclatant ; mais elle est remplie de travaux continuels et d’actes de charité envers le prochain, sur-tout envers les enfans. Rien de plus uniforme que la conduite d’un instituteur, ce qu’il a fait aujourd’hui, dirigé par sa règle, il le fera demain, il le fera toujours jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de le retirer de ce monde, ou de le mettre hors de combat par des infirmités, ou la décrépitude de la vieillesse, qui arrive plutôt chez les hommes fortement occupés. Quel fond inépuisable de charité ne doit-il pas avoir pour se renoncer ainsi soi-même, et ne s’occuper que du bien de ceux qui lui sont confiés ! Quelle patience imperturbable pour supporter leurs défauts sans se lasser et sans se plaindre ! Combien ne doit-il pas avoir travaillé à sa propre perfection, et être maître de soi-même, afin de donner constamment le bon exemple, de ne pas mettre sa conduite en contradiction avec la doctrine qu’il enseigne, et ne pas s’exposer à perdre tout le fruit de ses leçons, en détruisant d’une main ce qu’il plante de l’autre.

J’ai bien mal connu M. Renaud, s’il n’a pas rempli toutes les fonctions d’un instituteur vraiment digne de ce nom. Il étoit plein de zèle pour l’instruction des enfans ; il sembloit ne vivre que pour eux. Tout en lui respiroit ce tendre amour pour le premier âge dont J. C. nous a fourni le plus parfait modèle. Son extérieur simple et modeste annonçoit la can-