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PRÉCIS
DE LA VIE DE M. RENAUD.


L’HISTORIEN qui écrit la vie des héros du siècle, des hommes que la providence a placés dans les postes éminens de la société, est obligé de travailler son style, de le proportionner à la grandeur des faits qu’il entreprend de louer et de transmettre à la postérité ; mais celui qui n’écrit que la vie simple et uniforme d’un instituteur dont chacun des instans qui la composent, est employé à la pratique constante des mêmes vertus, à l’exercice des mêmes fonctions, à l’art pénible et difficile d’éclairer les esprits et de former les cœurs, de développer les facultés de l’homme, et de créer, pour ainsi dire, les générations, n’a pas besoin d’un style recherché. L’éloquence humaine seroit déplacée dans un sujet de cette nature, sa pompe s’accorderoit mal avec l’humble modestie du personnage, et le cœur ne seroit pas satisfait d’un éloge qui ne seroit pas dicté par le cœur. Je raconterai donc tout simplement quelques circonstances de la vie de M. Renaud qui puissent, en édifiant, faire connoître son caractère et ses mœurs.

Louis Renaud naquit à Taroiseau, village près d’Avallon ; de parens pauvres, mais chrétiens. Jeanne Petit, sa mère, mourut en 1757, et laissa à son mari tous les soins de sa famille. Ce père peu fortuné ne put donner une grande éducation à ses enfans ; mais il leur légua la plus précieuse des successions, l’exemple de ses vertus et l’amour du travail. A la mort de sa mère, Louis Renaud n’avoit encore que douze ans. Sa mémoire étoit excellente, mais peu meublée ; sa pénétration vive, mais sans exercice. Il ne savoit pas lire et n’alloit pas à l’école. La garde des troupeaux ne lui permettoit pas d’assister