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Le plus profond silence régnoit dans l’Ecole depuis le commencement jusqu’à la fin. On n’y entendoit absolument que la voix de celui qui répétoit, ou lisoit, ou répondoit aux questions qu’on lui faisoit. Du reste, personne ne parloit, en cas de nécessité, qu’après en avoir obtenu la permission, qui se demandoit par signe.

La bonne conduite et l’application au travail étoient récompensées ; et la mauvaise conduite et la paresse étoient punies. Outre les assistances de la Communauté, dont chaque Maître faisoit l’application en sa classe, la plûpart avoient encore différentes ressources pour assister les enfans pauvres : mais aucun d’eux ne recevoit de présent de leurs Ecoliers ni de leurs parens, quoiqu’il n’y en eût point de défense formelle. Le Regle s’exprimoit seulement ainsi : « Nous ne pouvons qu’applaudir à la conduite des Maîtres, qui ont toujours fait honneur jusqu’ici à la louable coutume qui s’est introduite d’elle-même dans la maison, de ne recevoir aucun présent de la part des peres et meres des enfans qu’on instruit. Nous souhaitons que cet exemple de désintéressement soit, aux yeux de tous leurs successeurs, un trésor plus précieux que toutes les richesses de l’Egypte ». Ce simple souhait fut plus efficace pour maintenir parmi eux jusqu’à la fin la pratique du désintéressement, que n’auroient peut-être été les défenses les plus rigoureuses.

A huit heures précises, le Censeur et le sous-Censeur, à genoux au-milieu de l’Ecole, y faisoient distinctement, sans lenteur ni précipitation, la priere du matin. Tous les autres l’écoutoient avec attention, et la répétoient tout bas avec eux.