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NICOLE.

Il aurait pu vous remercier, au moins.

MADAME JOBIN.

C’est qu’il est timide ! Tu le gênais. Ce pauvre garçon, je suis sûre qu’il se mourait d’envie de me dire les plus jolies choses.

NICOLE.

Il ne parle pas beaucoup, pourtant.

MADAME JOBIN.

C’est vrai ; mais quel sourire spirituel ! Quelle tournure martiale ! Quel courage bouillant !

NICOLE.

Eh ! eh ! ma tante ! Est-ce que par hasard votre cœur…

MADAME JOBIN.

Ah ! bien, oui ! je ne m’en cache pas, ce sergent m’est sympathique. Il faut trouver quelque moyen pour qu’il vienne souper avec nous ! Il y viendra.

NICOLE.

Mais s’il n’a pas de permission ?

MADAME JOBIN.

Il en aura !

NICOLE.

Mais s’il ne la demande pas ?

MADAME JOBIN.

On la demandera pour lui !

I.
––––––La permission de dix heures
––––––Est une bonne invention ;
––––––Je n’en connais pas de meilleures
––––––Quand on veut causer sans façon.
––––––Un rendez-vous toujours se donne
––––––––––Quand il fait noir,
––––––Car si vous rougissez, personne
––––––––––Ne peut le voir.