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LAROSE, à part.

C’est elle qu’il aime !… je suis né coiffé ! (haut.) La marchande de passementerie de la rue des Bourdonnais ?

LANTERNICK, montrant sa manche.

Oui ! qui fend… des calons !

LAROSE.

Peste, sergent, un joli morceau ! (A part.) Je te tiens. (Haut.) Et où en êtes-vous ?

LANTERNICK, devant la grille.

Che suis devant son porte ! ch’ose pas entrer.

LAROSE, haussant les épaules.

Peuh ! vous êtes emprunté comme une recrue du quai de la Ferraille !

LANTERNICK, finement.

Larosse !… n’oupliez bas que j’ai les sartines. ii montre sa manche.)

LAROSE.

Laissez donc !… Auprès du sexe… je serai voire capitaine instructeur. Y en a qui vous diront : Pour séduire une femme, payez-lui du veau et une salade ! … C’est mauvais !…

LANTERNICK.

Non, pas maufais ! avec des betits oignons et tes carottes.

LAROSE.

Du tout ! N’habituez point la femme à cultiver la carotte !… Partez de ce principe, que c’est un être impayable… Ne la payez jamais… qu’en égards… pour conserver sa dignité et vot’ monnaie.

LANTERNICK.

Alors ?

LA ROSE.

Alors… vous l’abordez vivement, par une pluie battante de paroles passionnées…

LANTERNICK.

Oh ! non, j’ai un tiable d’accent circonflexe ! Figure-toi qu’à Nancy je tevais épouser ine petite goutirière. Che lui dis un chour : Ma pelle, ch’ai un brochet pour fous ! Elle a gru que c’était un boisson d’afril ! et che lui disais pas un bro-