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NICOLE, avec pudeur.

Monsieur !

LAROSE.

En tout bien… tout honneur, ô lis de la plaine des Vertus ! vous savez que je les ai toutes… les vertus ? Je ne vous ai pas encore dérobé ce cœur avec un ruban noir que vous m’avez promis… comme emblème de votre fidélité… il est là… (Montrant le ruban noir qu’elle a au cou.) J ai respecté son domicile… mais vous me le donnerez ce soir, n’est-ce pas, hein ? (La poussant du coude.) Vous viendrez ?

NICOLE, baisant les yeux.

Dame ! si je puis m’échapper… je mettrai une chandelle à ma fenêtre !

LAROSE, d’un air pastoral.

Ce sera l’étoile du berger… (Par réflexion.) Oh ! mille noms d’une pipe, je n’ai pas de permission de dix heures ! Une fois la retraite battue, les enfants de Bellone qui courent le guilledou sans permis sont inclus au cachot !

NICOLE.

Eh bien ! demandez-en une permission.

LAROSE, se grattant l’oreille.

C’est que… mon colonel ne veut plus m’en donner… il dit que j’en ai mésusé.

NICOLE, jalouse.

Et pourquoi faire, monsieur ?

LAROSE, d’un air naïf.

Oh ! pour rien… pour aller voir une vieille parente aveugle, à qui je portais des gimbelettes.

NICOLE, menaçant.

Hum !

MADAME JOBIN, dans la maison.

Nicole !

NICOLE, haut, répondant.

C’est ma tante ! (Bas à Larose qui dévore sa main de baisers.) Je serai grondée… lâchez-moi donc !