Page:Mélesville, Beauvoir - Le chevalier de Saint-Georges, Comédie mêlée de chant, en trois actes, 1840.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée
27
Acte III, Scène III.

ACTE ÏII. Le théâtre représente rappariementde Saint-Georges. Porte au foiul et portes de côté, Dans les angles, deux croisées. A droite, une clicminée. On voit, çà et là, des fleurets, des tableaux , de la musique , des porcelaines, pèlc-nièle sur une toilette. A droite,. une table et des sièges. A gant lie, une causeuse. SCÈNE I. SAINT-GEORGES, vy Laquais, qui paraît lorsque Saint-Georges a sonné, SAINT’GKOUGF.s, assis près de ia table. Ces lettres à leur adresse. (Le laquais sort.) Six fleures !., et personne !.. Un duel !.. Moi, qui croyais ni’Otre placé à l’abri de toute insulte !., qui avais juré que mon liras ne se lèverait jamais (inns une luite sérieuse !.. Mais, cette fois, il le faut ! L’insoleni qui m’a déshonoré aux yeux de lu femme que j’aimais , aux yeux du monde entier, ne peut vivre un jour de plus !.. (Se jetant dans un lauiiHiil.) Et elle, mon Dieu ! que pcnset-elle (le moi !.. (Écoutant.) Quelqu’un... ah ! c’est toi , Platon. SCÈNE II. SAINT-GEORGES, PLATON. PLATON , désolé. Oui, monsieur le Chevalier... c’est-à-dire... non... je ne sais plus comment l’appeler... vous oyc/, un homme désespéré , furieux ! SAIM-GEORGliS. Furieux !., et contre qui ? PLAT0>. Contre qui ? contre moi ! qui suis cause... Avec les meilleures inicnlions , je ne fais que des sottises. .. Un imbécille de noir aurait eu raille fois plus d’esprit !.. Aussi , à présent, c’est lini... je méprise les blancs... dans ma personne. SAINT-GLOUGKS, avec impatience. As-tu remis ma lettre au Baron ? P1,AT0. Pardi ! c’est ce qui m’a fait sortir des ironds !.. tuiand j’ai reconnu le sournois qui m’avait tiré les vers du nez... Je n’étais plus un homme civilisé, .le l’aurais étranglé... s’il ne m’avait jeté à la porte. SAINT-CEOnCES. 11 a bien fait. De quoi te mélais-tu ? PLATON. De qtioi je me mêlais !.. dieux !., un si bon maître. (A genoux.) Tenez, monsieur, accablezmoi. .. lue/.-moi... assommez-moi... vous me ferez plaisir... vous m’ôterez un poids cnoriue... SAIM-GEOHGES, passant à gauche. Finissons !.. PLATON, d’un air suppliant. Rien qu’un peu, monsieur, je vous en prie !.. SAINT-GEORGES. Finissons, te dis-je !.. Qu’arépondu le Baron ? PLATON , se relevant. Dans une heure, il viendra vous prendre avec £011 témoin. •^ SAINT-GEORGES, à lui-même.) Encore une heure d’attente !.. (A riaton.) As-tu averti La Morlière ? PLATON. Il dormait comme un bie.’iliPineux... En apprenant de (luoi il était qiicsiioii , il s’est mis à rire aux éclats. . . et s’est vite ha !)i :lé comme pour une partie ( !e plaisir. SAlNT-GEOr.GKS, il lui -même. C’en est une aussi !.. Se venger !.. PLATON. Oui... et si, par malhc ;ir... SAlNT-GEOr.GES. Allons, tu trembles !.. Esi-ce que tu n’as plus conliaiice en moi ? PLATON. Si fait ! mais votis avez alTaire au i)lus grand ignorant !., et un coup de mi. !a( !roil est sitôt fait ! SAINT-GEORGKS, écoulant. Je l’entends... c’est bii. PLATON , à part. C’est égal, je seiai en bas .. Si l’autre ose se présenter, je le traiterai corunic u !i nèciro. SCÈNE 111. Les Méves, LA MORLIÈPiE, en uniforme. LA MORLIÈRE. Hé !., le voilà ! SAiNT-GEor.GES, lui serrant la main. Merci , La Morlière , merci !.. LA MOl’.LJÈRE. Parbleu ! il ne fallait rien moins pour me faire lever... Je me suis couché à quatre heures du matin... Ah ça ! c’est donc sérieux ?.. SAINT-GEOIIGES. Très sérieux ! LA MORLIÈPa :. A la bonne heure !., il y a long-temps que tu ne m’as donné de leçon... cela nrcii servira. (S’étendant sur le canapé.) A propos... tu n’es l)as venu, hier, chez la petite duchesse de illcquier. .. Une soirée délicieuse !.. Est-ce l’épéc ou le pistolet ? SAINT-GEORGES. Je ne sais encore. LA MORLIÈRE. Le souper était magnifique... im jeu d’enfer !.. Avecquitebats-ta ? SAINT-GEORGES. Avec le baron de Tourvel. LA MORLIÈRE, riant, et se levant. L’homme à la chaise de poste ! ah ! ah ! ah ! ah ! ma bète d’aversion !.. Est-ce qu’il a eu la sottise de se piquer ?..