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Le Chevalier de Saint-Georges.

SAINT-flEORGES. El VOUS ofl’i ir, de la part de M""cleMoiitesson, celle iniiaiioi)... pour son bal de demain, que vous ne leluscrez p ;is, jVspèie ! ( 11 lui donne un billel caclielé.) M"* DE PRESLE , à part et jetant le billet sur la toilette à gaudie. C’est un prétexte ! SINT-r.EORGES. Et puis le désir d’avoir de vos nouvelles... Tous paraissez soullrante ? M"* DE l’aESl.E, très froide et «’asseyant. Oui... un peu de nii< ;raine !.. de fatigue... je trains dUre fort mauvaise compagnie, Monsieur , et vous ferez bien mieux de vous rendre. .. où l’on vous attend sans doute avec impatience ! .. SAIXT-GEOR(.ES, étonné. Où l’on m’attciid ! où donc, Madame ? M"* DE PRESLE. Eh mais ! chez votre liancée... lorsqu’on doit se marier. SAI.M-GEORGES. Me marier ! moi ? Qui vous a dit ? M""^ DE PRESLE. C’est le bruit général ! SAIM’-GEORGES, souriant. C’est singulier... on n’a pas daigné m’en faire part !., il est probable que je recevrai un billet. M"* DE PRESLE, se levant. Comment, Monsieur ! SAlNT-GEOU’iES, scrieusemeut. On vous a trompée ; Madaine,jo ne me marie pas, et je ne me marierai sans doute Jamais ! M"* DE PRESLE , d’un air aimable. Ah !.. Asseyez-vous donc, je vous en prie... S>T-GE0RGES. Je craindrais d’abuser... votre santé... M"’ DE PRESLE, souriant. Non ; cela va beaucoup mieiLx. SAINT-GF.ORGES, la regardant tendrement. Oui... voilà VOS couleurs qui revieinient... et avec elles, ce regard si ûoin ! M°" DE PRESLE. Oui, la migraine... un rien sudit pour dissiper. .. (Le faisant asseoir.) Moltcz-vous donc là. Chevalier, je serai cnchaniée de causer... j’ai mille choses à vous db-e... et puis un service à vous demander... SAINT-GEORGES, s’assevaut près d’elle. Un service ! moi ? Ah ! Madame... je n’aurais osé préton(he à une telle favei’.r... ordojuicz, je vous en conjure ! M"* DE PRESLE. A propos !.. (Gaiment.) Et votre aventure de ce matin, dont vous ne parlez pas... cet ami qui a été coucher, à la Bastille, pour vous ! Savez-vous que c’est d’un dévouement... SAINT-GEORGES, souriant. 11 faut lui rendre justice ! il ne savait pas bien positivement où il allait. M°" DE PRESLE. Vraiment ? SAINT-GEORGES, de mCme. 11 croyait courir à une bonne fortune. «^^ M"* DE PRESLE, niant. Ail ! ah ! ah !., c’est atroce... Chevalier... mais vous êtes un homme alTioux !.. et quel cs le malheureux ? est-ce que je le connais ? SAINT-GEORGES, graveinoul. Ah ! je ne puis le nommer... les devoirs de l’amitié. M" DE PRESLE, riant toujours. Vous les remplissez très bien !.. Oh ! votjs me le direz n’est-ce pas ? Mais, avant tout, parlons du service que je réclame de vous... cl songez que nous sommes pas encore assez amis pour me traiter comme celui de ce matin ! SAINT-GEORGES. Ah ! Madame !.. Je vous écoute. M°" DE PRESLE, suivant tous ses mouvemeus* Vous m’avez dit que vous étiez aé... SAINT-GEORGES. Au Brésil... M"* DE PRESLE. Non... non... Vous m’aviez dit... d’une faraille portuj^aise, établie au Pérou. SAINT-GEORGES, un peu troublé. Oui... oui, le Brésil, le Pérou !.. Nous avons des bieiLs dans l’un et l’autre pays... et puis, la proximité... naturellement... M"" DE PRESLE. N’importe ! Vous êtes lié, dit-on, avec le gouverneur de Saint-Domingue... et je voudrais avoir, par lui, des renseignemens sur le sort d’un malheureux jeune homme... que j’ai connu enfant. SAINT-GEOAfiES. Un jeune homme ?., qui vous intéresse ? M°" DE PRESLE. Oh ! beaucoup ! SAINT-GEORGES, à part. Qu’enteuds-je ! M"’ DE PRESLE, à part. 11 a tressailli ! (Haut.) Ksdave chez ma mère, il avait fui notre habitatioM... pour un outrage, qui m’a coûté bien des larmes. SAINT-GEORGES, à part. 11 serait vrai ! M"* DE PRESLE. Car moi, je ne l’ai j.iiiiais oublié... je l’aimais tant ! SAINT GEORGES, avec un mouvement. Vous l’aimiez ? Quoi, la brillante Comtesse ! (lleprenani sa gaité.) Oli ! vous l’aimiez ; oui, sans doute... comme un jouet, un caprice, lui épagneul, qui amuse un instant, et lait place bientôt à lui autre favori ! M°" DE PRESLE. Oui... d’abord 1 . c’est possible, mais plus tard... (Secouaftt la tète en souriant.) Hmu... je ne sais pas trop ce que cela serait devenu. SAINT-GEORGES, avec joie. Que dites-vous ? M"* DE PRESLE, à part. C’est un iiiége bien innocent... mais si c’est lui, il fauch’a (ju’il se traliisse ! SAINT-GEOGES, avec anxiété. Vous pensiez que plus tard !.. M"" DK PRESLE. Écoutez doiuc» Chevalier... j’ai des idées bi/ar-