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Le Chevalier de Saint-Georges.

t«  SCENE II. M"DEPRESLE, seule, après un moment de silence. Il se marie ! (Avec vivacité.) Qu’est-ce que cela me fait ? lui homme que je n’ai rencontré qu’iuie lois, et que des souvenirs trompeurs !., que nriiiiporle !.. (Ciiangeant de ton.) Eh bien ! si, cola m’agite, cela me tourmente malgré moi !., quand je le compare an Baron ?., tant de grâce, oVsiuit, de courage !., jusqu’à cette physiono-K : io originale... enlin, on a beau dire... ce n’est ) .is la iigure de tout le monde ! et je voudrais à tout prix... sckm : lii. M- DE PPiESLE, LA FEMME DE CHAMBRE. LA FEMME DE CHAMBRE. Madame... Madame... M"’ DE PRESLE. Que me vcu-tu ? LA FEMMK DE CHAMBRE, à mi-VOix. Il est là. M"* DE PRESLE. Qui donc ? LA FKMME DE CHAMBRE. Ce valet de M. de Saint-Georges que vous aviez fait demander. M""’ DE PRESLE, Ah ! c’est iiir.filc, niaintoiiant ! (Se reprenant.) Ou plutfit... si î qu’il vienne !.. puisque le hasard me l’a fait reconnaître... il poiu-ra m’instruire... (I.a feniinc de chambre fait entrer Platon.) C’est bien !., si quelqu’un montait... avertis-moi. (La femme de chambre sort.) >iaaa«a c 8oe»9«909aac9c o o» ;e a 9a« o eQa99««oece o e o »g9eag>6aae«  SCÈNE IV. M" DE PRESLE, PLATON. PLATON, regardant l’appartement. Peste ! beaux meubles ! c’est au moins une duchesse. .. ou une danseuse ! M"" DE PRESLE, assise à droite. Approchez, mon ami. PLATON, à part. C’est agréable d’être au service d’un homme à

!;t mode ! on ne voit que le grand monde ! 

M"* DE PRESLE. Vous êtes au chevalier de Saint-Georges. PLATON. Son valet de chambre... intime. M"" DE PRESLE. Vous ne me connaissez pas ? PLATON. Non , madame. M°" DE PRESLE. Mais, moi, je vous connais !.. Vous vous notnaiez Platon ? PLATON, étonné. C’est vrai. M" DE PRESLE. Vous étiez chefdes noirs... et commandeur, à LE CHEVALIER DE SATNT-GEORGES. Saint-Domingue... chez «la marquise de Sasse* naye , ma mère. PLATON , ému. Votre mère !.. la Marquise... Quoi ! madame,, c’est vous !.. (S’approchaiit pour la regarder.) Oui., oui , voilà bien ces traits délicats et fins... ce soiuire de bonté. M°" DE PRESLE , lui tendant la main qu’il baise. Oui... oui... mon ami ! Tu vois que je ne t’avais pas oublié. PLALON, s’essuyant les yeux. Ah ! je me crois encore au domaine de la Rose... à l’époque de ma gloire ! Voilà une habitation OÙ j’avais de l’agrément ! Quatre cents nègres que je maniais... et à qui j’administrais régidièrement... (Geste exprcssil. Soupirant.) C’était le bon temps ! J’en avais quelquefois le bras brisé !., d’autant que, ponr que la besogne fût bien faite, je ne m’en rapportais qu’à moi ! (Avec tendresse.) Ces pauvres amis ! ils ont bien dû me regretter ! M"’ DE PRESLE, sourianu Mais non , pas trop ! PLATON. Oh ! si !.. Je suis sûr que ça n’allait pTusT parce qu’avec ce bétali- !à, voyez-vous, il faut ça pour le conserver !.. A présent, ils ont des systèmes de raénagemeiis !.. Aussi, ça produit de jobs effets !.. Tout est bouleversé... maintenant ce sont les blancs qui servent les noirs ! les nègres sont dans la voiture... et moi, je vais derrière !., moi, Platon... mais je suis philosophe ! M°" DE PRESLE, avec intérêt. Est-ce donc pour ton maître que tu dis cela ? Et le Chevalier serait-il , lui-même ?.. PLATON. Oh ! non ! je parle en général. Lui ! Sainte-Vierge !

Quelle apparence qu’un nègre , un esclave 

eût osé se faufder à la cour... Il y aurait de quoi le hacher menu, menu comme... Non !.. Ai» : V«ude»ille dcrXIomnii ; Tert. D’un mulâtre, il n’a que la mine..» II n’est ni gourmand, ni menteur. Avec ces gens , qu’on lexamine, Ilett toujours d’une douceur : Or, c’est bien facile à comprendre, Comme noir, s’il avait vOcu, Aux blancs, il aimerait à rendre, Tout ce qu’il en aurait rcai. Et je serais là tout porté... !)onr roccvoir... M"" DF. PRESLL. Ah ! il est bon maître ? PLATON. C’est la meilleure pâte ! ot d’une pniioncf :, d’une douceur... V.wiin, quand il m’aiiiv ;iii nuts. maladresse !.. vouss :ivez, qiioiqnc.’jlaiic pi ;!s, !n ?, on n’est pas à l’abri... une porcelaine brisée ou un coup de peigne en lecoiliant, il seconiciilait de me dire en souriant : « Platon , coin’ui’^ !! au* »rais-tu donné de cou ;is de fouet à un nègre »pour cela ? » Aloi, je le lui disais... parce que la conscience avant tout !.. M°" DE PRESLE , souriant. C’est juste !