Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/92

Cette page n’a pas encore été corrigée

88 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

dance de la littérature normande. J'omets aussi la belle histoire en vers de Guillaume le Maréchal, parce que l'auteur auquel on la doit écrivait après l'annexion et n'était peut-être pas abso- lument normand '. Mais je citerai les commencements d'une historiographie en prose qui se montrent dans les plus anciennes chroniques normandes : ces chroniques appellent encore une étude critique qui devrait tenter les savants normands ; il n'est pas téméraire de penser que les premières rédactions, tirées en partie de Wace et en partie originales, remontent à l'époque qui nous occupe. On y goûte une prose un peu sèche, mais claire et souvent animée, qui nous donne un bon spécimen de la langue parlée en Normandie à la fin du xii'^ ou au commen- cement du xni'^ siècle.

Un genre particulier d'histoire qui fut aussi cultivé en langue vulgaire dans votre province est l'histoire ecclésiastique, et nous reconnaissons encore là le goût des Normands pour l'instruction. Rappelons le poème de Guillaume de Saint-Pair sur l'abbaye du Mont-Saint-Michel, qui n'a d'intéressant que sa forme et quelques naïves remarques de l'auteur ^, et celui d'un inconnu sur l'abbave de Fécamp ; ce dernier, encore inédit >, a le mérite de nous conserver un original latin perdu, et certainement il nous le reniplacera presque lorsqu'il sera publié, car, comme l'a fort bien dit M. A. Héron, les auteurs normands « qui ont

��1. Vbisioire de Guillaume le Maréchal, comte de Striguil et de Pembroke, régent d'Angleterre de 1216 à 12 19, poème français, publié pour la Société de l'Histoire de France par Paul Meyer. T. I, 1891 ; t. II, 1894 ; t. III, [1901], in-80.

2. Dei- Roman du Moût- Saint-Michel, von Guillaume de Saint Paier,- Wicder- gahe der hciden Handschriflcn des Brittischen Muséums, von D"" Paul Redlicli (Strasbourg, 1894, in-8", n" xcii des Ausi^ahen und Ahhandlungen ans dem Gehiete der ronianischen Philologie herausgcgehen von E. Stengel). Cette publi- cation méritoire n'est que la reproduction diplomatique des deux manuscrits qui nous ont conservé le poème de Guillaume de Saint-Pair. Il reste à en faire une véritable édition. — Voyez d'ailleurs sur ce poème la notice de M. de Beaurepaire jointe à l'édition (d'après un seul ms.) de Francisque Michel (et dans le t. XIV des Mém. de la Soc. des Antiquaires de Normandie).

3. Voy. sur ce poème, dont M. Paul Meyer a promis de nous donner une édition, le Bulletin de la Soc. des anc. textes français, t. IV, p. 46-49.

�� �