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La littérature normande avant l'annexion Si

l'auteur, comme l'indique le surnom qu'il se donne lui-même, «Alexandre de Paris », avait-il quitté son pays natal et s'était- il mis à l'école des poètes de France ' .

Et la poésie lyrique, direz-vous, cstte expression si particulière de l'esprit chevaleresque et courtois du moyen âge ? n'est-ce pas là que se sera naturellement épanouie l'âme du peuple auquel on doit la formation même de cet esprit ? Hélas ! là aussi nous trouvons, quand nous traçons la carte de notre vieille littérature, un blanc à la place de la Normandie. Le bon abbé de La Rue, qui annexait bravement à sa chère patrie jusqu'à des poètes dont le nom criait leur origine étrangère, n'a pas inscrit moins de quinze poètes lyriques dans sa liste des « trouvères » normands. Sans parler de ceux qui ne nous intéressent pas ici, parce qu'ils sont postérieurs à l'époque où j'arrête mon examen, je dirai que de tous ces noms un seul est à retenir, Roger d'Andeli, auquel les manuscrits attri- buent deux chansons jetées dans le moule habituel des lamen- tations amoureuses de nos vieux lyriques. Si ce Roger est bien le chevalier normand qui servit sous Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, il forme une exception unique dans l'histoire littéraire de sa province \ Malgré la présence de troubadours

��1. Si on remarque que Lisieux, dans le roman de VEscoufle (voy. la suite de cette note), est appelé Lisuïs [v. 153], on peut croire qu'il faut lire ainsi le surnom de Roger de Lisais cité par un poète du commencement du xiiie siècle [ou de la fin du xii^ siècle; cf. ci-dessous, p. 256, n. 4J, comme auteur d'un roman sur Isaire et Tentais, qui paraît avoir été célèbre, mais qui nous est absolument inconnu (voy. Erec, éd. Foerster, p. xiii) ; mais la base de cette conjecture est, on le voit, très fragile. En tous cas, ce roman serait le seul. Quant au roman de VEscouJle (publié par H. Michelant et M. Paul Me\-er, pour la Société des anciens textes français, Paris, Didot, 1894), si le héros en est, par un caprice de l'auteur, fils d'un seigneur de Montivilliers, le poète v montre une ignorance des choses de la Normandie qui ne permet guère de croire qu'il appartînt à cette province; les traits linguistiques qu'a relevés le savant éditeur l'assignent en effet à la Picardie [cf. cependant Introduction de l'édition ci-dessus, p. XXXIIl].

2. Chansons de Roger iF A miel i, publiées par A. Héron (Rouen, 1883, Société roiiennaise des Bibliophiles). »

G. Paris. — Moyen tige. 6

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