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LA LITTÉRATURE NORMANDE AVANT L'ANNEXION

(912-1204).

��Messieurs,

L'honneur que vous m'avez fait en me choisissant cette année pour être le Directeur de votre Société m'est particuHère- ment cher en ce qu'il a quelque chose d'héréditaire. Vous l'avez, il y a trente ans, conféré à mon père, et je ne doute pas que la bienveillance qui a dicté votre choix actuel n'ait en partie sa source dans un souvenir qui, à moi aussi, m'est toujours resté présent. Je me rappelle en effet combien mon père fut sensible à la marque d'estime et de sympathie que vous lui aviez donnée, et avec quel plaisir il s'acquitta de la tâche que lui imposait votre désignation. Il y voyait la preuve que les études aux- quelles il avait consacré sa vie, auxquelles il avait donné non seulement le meilleur de son travail, mais le meilleur de son cœur, trouvaient parmi vous l'accueil qu'elles ne rencontraient pas encore partout, et il était heureux et fier que vous en eussiez vu en lui le représentant le plus autorisé. Aussi vous entretint-il de ces études dans son discours, où il aborda plusieurs points de littérature et d'archéologie médiévale, et qui reste un des morceaux les plus intéressants de vos précieux Mémoires.

C'est, à mon tour, d'un sujet relatif à ces mêmes études, que j'ai reçues de lui comme un patrimoine cher et sacré, que je parlerai aujourd'hui; j'ai voulu qu'il se rattachât à l'histoire d'un pays auquel m'unissent depuis quelques années des liens intimes. Champenois de naissance, comme mon père, je suis devenu Normand d'adoption, et l'intérêt que les glorieuses des- tinées de votre belle province éveillent chez tous les historiens de notre patrie est devenu pour moi un intérêt de cœur. Les Normands ont eu de tout temps une belle part dans l'évolution

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