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66 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

la fin (perdue) du mystère anglo-normand (xiir siècle) de la Résurrection où se trouvait la scène des disciples d'Emmaûs, et il constate que Jésus apparaît aussi dans le Sponsus et dans le La~arns du xii'^ siècle \ Ces apparitions ne sont toutefois que passagères et, sauf celle du La:{ûnis, ne nous montrent pas le Seigneur dans sa vie terrestre et agissante; il reste bien vrai que ce n'est que dans les mystères postérieurs de [a Passion qu'on l'a représenté mêlé aux autres personnages; aussi est-il permis de supposer que ces mystères ne se rattachent pas directement ou, au moins, exclusivement à l'évolution française du drame liturgique, et qu'ils sont venus chez nous, comme la confrérie de la Passion elle-même, des usages des confréries italiennes ^. Toute la partie relative aux mystères, depuis leurs origines liturgiques jusqu'à leur complet épanouissement, est excellente; on pourrait çà et là, peut-être, souhaiter un peu plus de déve- loppement, mais il ne manque rien d'essentiel '. J'en dirai autant de ce qui concerne le théâtre profane, les farces, les soties, les moralités : c'est à peine si l'on peut relever dans ce tableau, exécuté avec autant de talent que de savoir, quelques détails qui prêtent à contestation ; encore n'est-il pas du tout sûr que pour plusieurs de ses assertions l'auteur n'ait pas par devers lui des arguments que le plan de cet ouvrage ne lui permettait pas

��1 . On peut encore noter que dans des formes, d'ailleurs peu anciennes, du drame liturgique de Pâques a été inséré l'entretien de Jésus avec Madeleine (voir Joiinial dfs Savants, 1892, p. 674, n. i [art. de G. Paris sur A. d'An- cona, On'oin^i del teatro italiano] ) ; la personne du Christ (après sa mort) figurait aussi dans une autre Résurrection du xive siècle, dont on ne possède qu'un fragment {RoDiairia, t. XXIV, p. 86).

2. J'ai déjà émis cette hypothèse ici même (/. (/«5fli'., 1892 [cf. u. précéd.J, p. 677, n. i). Elle mériterait, je crois, d'être examinée à fond. Il faudrait tenir compte du mystère provençal de la Passion, encore inédit, qui est du milieu du xive siècle, et qui indique peut-être la transition entre l'Italie et la France.

3. P. 288, la façon dont l'auteur encadre le mot iiuiuicquin peut faire croire qu'il le regarde comme ancien, tandis qu'il ne paraît pas, en ce sens, avant l'époque moderne. — P. 291, je doute que le terme actuel de paradis, au théâtre, remonte au paradis des anciens mystères : ce paradis ne com- portait pas de spectateurs ; le mot moderne paraît être une plaisanterie toute naturelle. — L'auteur parle (p. 292) de la Passion d'Arras comme si elle était inédite et anonyme ; elle a été publiée par M. J. Richard, et elle est bien probablement d'Eust. Mercadé.

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