Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée

60 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

devenu sa langue naturelle ' ; Brunet Latin ^ n'est pas non plus dans les mêmes conditions que les Italiens qui, dans leur pays, ont employé le français : s'il a écrit dans cette langue, c'est parce qu'il était en France ; toutefois il ne se l'était pas assimilée comme Philippe, et à travers tous les remaniements que lui ont fait subir les copistes français, son Trésor conserve encore bien des italianismes, qui apparaîtraient plus clairement si nous en avions une édition critique. Quant à Marco Polo, il ne peut réellement être qualifié d'« Italien écrivant en français » : c'est bien probablement dans son parler vénitien qu'il a raconté cà Rilsticien de Pise ce que celui-ci a transcrit en mauvais fran- çais ; l'ouvrage ainsi produit appartiendrait en propre à la lit- térature franco-italienne s'il n'avait subi la transformation que l'on connaît dans la rédaction de Tibaud de Chépoi, par laquelle il est entré dans la littérature française. Martino da Canale, lui, doit bien être rattaché à la littérature franco-italienne. En somme, il ne paraît pas qu'il fût nécessaire de traiter à part les quatre écrivains auxquels M. Suchier a cru devoir consa- crer une section spéciale.

VII. De f avènement des Valois à l'avènement de François P' (i^2i)-ijij) (p. 234-270). — Tandis que le chapitre précé- dent, qui comprend un peu plus d'un siècle, occupe soixante- dix pages, celui-ci, qui embrasse près de deux siècles, n'en compte que trente-six. Ce n'est pas que l'attention de l'auteur se soit relcâchée ou que son information soit moins complète ; on ne peut guère signaler dans son exposé d'omissions vraiment

��1. Sur les deux époques successi-es de la rédaction du livre de Philippe, sur les emprunts qu'il aurait faits aux Annales de Terre Sainte et au Livre de ta Conquête, M. Suchier suit l'opinion émise par un critique récent, M. Rich- ter, qui, malgré son consciencieux labeur, s'est trompé sur ces deux points, comme j'aurai prochainement occasion de le montrer [cf. Les Mémoires de Ptxitippe de Novare, Revue de TOrieiit latin, IX, (i90i-2),pp. 164-206, et ci- dessous, IV].

2. Je vois avec plaisir que M. Suchier donne au patronymique italien de Brunetto la forme Latiuo et non Latini ; en revanche, on reconnaît générale- ment aujourd'hui qu'il ne ressort pas des paroles de Dante que Brunetto Latino ait été réellement son maître, comme on l'a longtemps admis.

�� �