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HISTOIRE DE LA LITTERATURE FRANÇAISE 57

5. Poésie narrative et didactique (p. 202-219). — On peut s'étonner de voir réunies sous une même rubrique ces deux formes si différentes de poésie : c'est sans doute que la poésie narrative, privée des cliansons de geste, des fableaux et du Renard, a paru à l'auteur un peu mince pour occuper une sec- tion à elle toute seule, et que le Rouan de la Rose peut être regardé comme tenant de l'une et de l'autre. Il n'en est pas moins vrai que cette section a quelque chose de décousu : on passe sans transition d'un sujet à un autre tout différent ; ainsi, après un préambule sur les grands ouvrages latins théologiques et scientifiques du xiii" siècle et sur la tendance vers l'instruc- tion que manifeste alors même la littérature vulgaire, l'auteur parle tout à coup des romans où sont intercalées des poésies lyriques (p. 202). Ce décousu est d'ailleurs sensible, il faut le dire, dans d'autres parties de ce bel ouvrage : il tient à la manière même de l'auteur, et n'est nullement une marque de négligence ; mais il empêche parfois le lecteur de se faire une idée suffisamment nette des sujets traités. Ici je pense qu'il eût mieux valu répartir autrement la matière et mettre respective- ment ensemble la littérature narrative purement fictive, la lit- térature historique, la littérature didactique religieuse et pro- fane.

La section en elle-même, fort bien traitée, ne donne lieu qu'à des remarques de détail '. L'auteur parle successivement

��V Anonymus Neveleti : on peut en retenir le nom (Walter) et la patrie (Angle- terre) de cet auteur ; le reste n'a vraiment aucun fondement.

I . Il n'est pas exact que Gerbert de Montreuil ait composé une tiiite de Tristrant (p. 202) ; cette luite est un épisode de son Perccval, comme l'a montré récemment M. Wilmotte (voir Romania, t. XXIX, p. 481). — Page 201, je ne crois pas que Lidoine, dans Méraiigis, soit pour V Idoine : cela n'a aucune analogie (le nom de V Ont redouté, personnage secondaire, qui est imité de VOrgiieilteux de ta Lande de Chrétien, n'en est pas une) : Lidoine est un nom inventé par le poète, peut-être d'après celui à' Idoine dans Aniadas (ou d'après Sidoine). — Notez, page 205, des remarques intéressantes, en partie nouvelles, sur les diverses versions à'Octavien. — Page 206, l'auteur pens& que le Méliacin de Girard d'Amiens reposesur un récit oral fondé lui-même sur le Cléoinadès d'Adenet ; mais cela n'est pas possible : dans ces deux romans, qui traitent le même thème, venu d'un conte arabe (originairement indien).

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