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HISTOIRE DE LA LITTERATURE FRANÇAISE 53

pénétration réciproque de la poésie et de la vie qui donne tant d'intérêt à l'histoire des troubadours : en regard de Hgures comme Bernard de Ventadour, Rambaud de Vaqueiras, Bcr- tran de Born, Peirc Vidal, Gaucelm Faidit, combien paraissent effacées les figures de nos trouveurs, excepté de ceux auxquels leur rang social donne un relief extérieur ! La plupart de leurs chansons ont été faites uniquement pour leur valoir un petit succès dans les réunions courtoises ; aussi manquent-elles, bien plus encore que celles des troubadours, de sincérité et de per- sonnalité. Il faut mettre à part les chansons politiques et les chansons de' circonstance (je range ici les chansons relatives aux croisades), dont plusieurs ont un véritable intérêt, sans avoir jamais joué dans la vie sociale le rôle des sirveutcs provençaux. M. Suchier, s'il a laissé un peu trop de côté cette partie du sujet, a signalé en revanche avec justesse un trait de la poésie du Nord qui, là où il se présente (ce n'est pas dans les trouveurs classiques comme Gui de Couci, Blondel, Gace Brûlé), lui donne un attrait particulier : tout en dépendant de la poésie artificielle née dans le Midi, elle a gardé le contact avec l'an- cienne poésie lyrique vraiment française, s'est laissé souvent influencer par l'élément populaire, et lui a dû alors « un natu- rel et une fraîcheur » qu'on ne trouve guère dans la poésie des troubadours. Il remarque aussi que pour la comprendre entièrement il faudrait joindre à la connaissance des paroles celle de la musique, . ce qui ne nous est que rarement donné. La musique et la poésie étaient, en effet inséparable- ment liées, et elles avaient le même auteur ; mais cela nous fait encore mieux comprendre ce qu'était la composition de l'une et de l'autre : c'était une sorte d'exercice technique, comme on en fait dans le contrepoint, qui procédait avec des formules et n'avait pour but que de trouver des variations su un petit nombre de thèmes donnés.

Le détail de cette longue section du chapitre VI est excellent, travaillé avec une connaissance intime des faits et une infor- mation presque toujours complète sur les études auxquelles ils ont déjà donné lieu. Je n'aurai que peu d'observations à présenter ' . Est-il nécessaire que le refrain de la rotrouenge

��I. M. Suchier a mis en tête de son exposé deux ou trois pciges sur la poésie

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