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5 2 LITTERATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

questions de principe, d'origine, de date, d'attribution se posent ici moins fréquemment, les renseignements étant plus nombreux et plus clairs, les œuvres plus rarement anonymes. Cependant les trois premières sections, qui, comme je l'ai dit, remontent jusqu'au xii^ siècle et même plus haut, soulèvent encore quelques questions de ce genre.

2. La poésie lyrique (p. 172-19 1). — La poésie lyrique « courtoise » des xii^ et xiii*^ siècles gagne certainement à être traitée, comme elle l'est ici, dans son ensemble, car, saufTacces- sion, à partir du règne de saint Louis environ, de la poésie bourgeoise du Nord et surtout d'Arras, elle présente sensible- ment les mêmes caractères depuis son apparition jusqu'à sa lin. M. Suchier l'a bien appréciée dans son ensemble, — avec un peu d'indulgence, — et en a fait suffisamment connaître les princi- paux représentants ' . Peut-être, dans un livre comme celui-ci, destiné au grand public et à un public étranger, aurait-il pu glisser plus rapidement sur certains détails qui n'ont d'intérêt que pour les érudits % et tracer en revanche un tableau plus com- plet de cette poésie dans ses rapports avec la société. Elle a été, bien plus que la poésie provençale dont elle n'est en somme qu'un pâle reflet, un amusement aristocratique, une mode de cour et, dirais-je si le mot n'était un anachronisme, de salon. A part quelques exceptions, comme Chrétien de Troies, Guiot de Provins ', Guiot de Dijon, Colin Muset, peut-être Blondel et Gontier de Soignies (je laisse toujours de côté les poètes d'Ar- ras), on ne la voit cultivée que par de grands seigneurs ou des personnages de leur monde. Rien ici qui ressemble à cette

��1 . Je ne vois guère d'omission importante à signaler en dehors des chan- sons si originales et si intéressantes de Philippe de Novare.

2. Il importe assez peu, par exemple, à un tel public que Guillaume le Vinier ait possédé deux maisons à Arras en indivis avec son frère Gilles (p. 189).

3. Encore chez Guiot, et encore plus chez Chrétien, la poésie lyrique n'est-elle qu'un taible accessoire de leur activité poétique. On ne voit pas au Nord de poète, en dehors des hauts personnages (Gace BruIé en était un), qui se soit t'ait un renom par ses seules chansons, sauf peut-être Blondel (dont nous ne connaissons pas la condition); et combien son œuvre est pou per- sonnelle!

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