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50 LITTERATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

crois être, — bien entendu dans une forme plus ancienne que celle que nous avons, — le premier roman en prose qui ait été écrit '.

Comme autres ouvrages en prose appartenant à cette époque, M. Suchier ne mentionne (p. 163) que les traductions de Tur- pin -. C'est un peu court. Parmi les nombreuses traductions en prose de Pierre de Beauvais, il en est certainement qui remontent à cette période '. Ce qui est plus important, c'est la description de Jérusalem rédigée en bonne prose française avant 1187, et le récit fait par Ernoul, témoin oculaire, de la des- truction du royaume de Jérusalem en 1189 +. C'est à ces mor- ceaux, bien plutôt qu'aux romans arthuriens, qu'appartient l'honneur d'être les plus anciens spécimens d'une prose origi- nale française qui nous soient parvenus > .

VI. De la reconquête de la Nonnandic jusqu'à l'avèiwinent des Valois (^1204-1^28) (p. 167-233). — Ce chapitre, le plus long

��1. Le Pi'rksvaiis seul pourrait lui disputer ce rang; mais il a peut-être un original en vers. — C'est par erreur, à ce propos, que M. Suchier dit (p. 163) que ce roman a été composé pour un évêque de Cambrai : il s'agit, dans le seul manuscrit qui contienne cette notice, d'un seigneur de Cambrin (Pas- de-Calais), et la notice se rapporte visiblement non au roman, mais au manuscrit.

2. A côté des traductions de Turpin en prose, M. Suchier en mentionne une en vers, qui m'est inconnue (à moins qu'il n'ait voulu indiquer celle que Girard d'Amiens a insérée dans son Charloiiagne).

3 . Cela ressort des dates que donne M. Suchier lui-même à la page 219, où il relève l'intérêt de la préface d'une de ces traductions pour l'histoire de la prose littéraire .

4. M. Suchier mentionne bien Ernoul, mais dans la période suivante (p. 220), et il semble lui attribuer tout ce que Mas Latrie a imprimé sous le nom de Chronique cV Ernoul. Il dit que cette chronique « raconte principalement la troisième croisade, mais donne une courte histoire des premières croi- sades ». C'est certainement une erreur : le récit d'Ernoul ne devait com- prendre que l'histoire de la perte de Jérusalem, et ce précieux document a été plus tard incorporé dans une compilation de médiocre valeur.

5. La grande compilation historique que Baudouin, comte de Flandre, paraît avoir fait rédiger avant son départ (1202) pour la croisade qui devait le taire empereur méritait aussi, semble-t-il, d'être mentionnée.

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