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HISTOIRE DE LA LITTERATURE FRANÇAISE 47

nie paraît tout à fait invraisemblable en elle-même (vu la date), et quand on lit la traduction allemande que nous en avons ; je ne crois pas davantage que les continuateurs de Chrétien, au moins les premiers, aient connu le Grand saint Graal et la Oueste du saint Graal (p. 149); en général M. Suchier me paraît, je l'ai déjà dit et le redirai encore, faire remonter trop haut les romans en prose. En revanche, il rejette au xiii siècle des romans en vers qui doivent être attribués à notre période, comme le Bel Dcsconeiï de Renaud de Beaujeu ' et, peut-être, plus d'une œuvre anonyme ou connue seulement par des tra- ductions.

A côté des romans de la Table Ronde fleurissent alors les romans « d'aventure » ; ils ne sont pas moins soigneusement étudiés. Je ne puis admettre que le roman à'ille et Galeron soit emprunté au lai à'Eliduc de Marie de France : il provient d'un lai qui ressemblait en certains traits à celui de Marie, mais qui en différait notablement. Je ne pense pas non plus que l'aven- ture qui, dans ce roman, motive si bizarrement le départ d'Ille ait pour origine un des « jugements d'amour » d'André le Cha- pelain - : ce motif, qu'on retrouve sous une forme plus ancienne dans un conte allemand du xiii^ siècle, appartenait au lai pri- mitif ou peut-être formait le thème d'un petit lai à part. — Je m'étonne que M. Suchier persiste à rejeter au xiii siècle la chantefable d'Aucassin et Nicolette, qu'il a, quatre fois déjà, si magistralement publiée ; il en signale lui-même (p. 220) l'ap- parence ancienne et les traits archaïques ; je l'ai sans doute trop vieillie jadis en la faisant remonter jusqu'au règne de Louis VII, mais il me paraît impossible de la faire descendre après 1204 K — La rédaction II de Floire et BJanchefleur « semble ne pas être dérivée de la plus ancienne (I), dont elle a tout au plus subi l'influence, et remonter indépendamment de celle-là, par trans-

��qui, en 11 70, avait été un des meurtriers de Thomas Becket ? Je le croirai plutôt son fils ou son parent.

1 . Une chanson de Renaud étant citée en 1 200 dans Guillaume de Dole, il est clair qu'il florissait au xii"^ siècle; M. Suchier le remarque lui-même plus loin (p. 180).

2. C'est plutôt le jugement qui pourrait bien être inspiré du roman. 5. C{. Roiiuinia, t. XXIX, p. 291.

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