Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée

^6 LITTÉRx^TURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

se lisent avec un vif intérêt. L'étude du cycle breton, qui atteint alors son apogée, aurait gagné, je l'ai déjà indiqué, à n'être pas morcelée entre cette section et la section précédente. Telle qu'elle est donnée ici, elle est riche en aperçus et en rappro- chements intéressants, mais elle ne se prête pas à être résumée : il faudrait reprendre dans son ensemble l'histoire de ce sujet difficile, et cela entraînerait hors des limites d'un compte rendu. Je me bornerai à signaler, — outre ma divergence à propos de Robert de Boron, — quelques points particuHers. M. Suchier, en signalant (p. 141) les belles découvertes de M. Rajna sur les noms comme Artus et Gauvain donnés dès le xi" siècle en Italie à des enfants, ajoute (p. 141) : « Toutefois on a exagéré la valeur probante de ces noms. Les noms Tristan et Yiuan se rencontrent dès le viii^ et le ix" siècle aux bords du lac de Constance, sans que cela prouve pour une époque si ancienne la diffusion des légendes de Tristan et d'Yvain. » Mais il faut sans doute attribuer l'existence de ces noms dans cette région aux moines irlandais qui s'établirent de bonne heure et à Saint- Gall et aux alentours ; les noms italiens du w" siècle ne sauraient avoir une telle provenance, et ils prouvent bien le succès que les récits arthuriens avaient dès lors dans la haute Italie, succès qu'atteste aussi le bas-relief de la cathédrale de Modène, du commencement du xii'^ siècle \ — Je ne comprends pas com- ment l'auteur peut dire (p. 147) que le roman anglais de Sir Pcr- cevcJle « n'est qu'un pâle reflet de Chrétien » : il me paraît de toute évidence que ce poème remonte à une forme de la légende de Perceval bien plus voisine de l'original que celle qu'a connue Chrétien ^ Mais il est écrit que dans cette terrible « matière de Bretagne », flottante et tournoyante comme les « palais aven- tureux » qu'on y rencontre, les faits qui semblent le mieux acquis à la critique doivent être perpétuellement remis en ques- tion, — L'idée que le Lancelot français apporté à Vienne en 1195 par Hugues de Morville ' pouvait être un roman en prose

��1. Sur ce bas-reliff, cf. Roiiiain\i, t. XXIX, p. .jcS).

2. Voir Histoire litt. de la France, i. XXX, p. 2).|-26i.

3. Hue pour Hue est une faute d'impression. Mais peut-on aftirmer que le chevalier qui servit d'otage à Richard Cœur de Lion en 1195 soit le même

�� �