Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

HISTOIKH DE LA LITTERATURP: FRANÇAISE 43

remarques à faire. Les « assonances » du Saint Grégoire ne sont pas de vraies assonnances (p. ii6) : elles rentrent dans la caté- gorie des rimes imparfaites qui ont été tolérées encore au XIII'-' siècle (ces rimes se distinguent de l'assonance en ce que le dernier phonème, voyelle ou consonne, doit toujours être iden- tique). — Le manuscrit du Lapidaire tn vers était considéré par Pannier comme anglo-normand : M. Sucliier (p. 117) le juge continental et le désigne dès lors comme « le plus ancien manu- scrit écrit en France qui nous ait été conservé ». La question est, on le voit, assez importante. Le connaisseur le plus expert en cette matière, M. Paul Meyer, a bien voulu, à ma demande, examiner de nouveau le manuscrit : il n'hésite pas à le regarder comme fait en Italie, et il ne l'attribue qu'au xiii" siècle [']. — Ce que l'auteur dit des caractères des lais bretons (p. 119) est fort bon ; mais comment peut-il ranger les imitations françaises de ces lais dans la littérature propre au « royaume de France », quand il en trouve les plus anciens exemples dans Horn et dans le Tristan de Thomas \ qu'il en tire le nom d'un mot irlan- dais, et qu'il en fait réciter le texte, à l'origine, « en langue bretonne ou irlandaise » ? Je rattacherai ici une remarque sur les lais de Marie, dont il n'est parlé qu'à la section suivante (p. 128). M. Suchier ne se prononce pas explicitement sur la question de savoir dans quelle langue Marie avait recueilli les récits qu'elle a rimes ; cependant, en disant qu'elle a suivi dans son premier écrit des « sources kymriques », dans son deuxième une source anglaise, et dans son troisième un traité latin, il semble vouloir indiquer que les lais proviennent immédiate- ment d'originaux en langue celtique '.Je crois, avec M. Warnke'^, que Marie ne savait pas le breton 5, et, d'autre part, contraire-

��1. [Cf., pour préciser l'opinion de M. Meyer, Roniaiiia, XXXVIII, 49 sq.]

2. Voir aussi ce qui est dit du lai d'Haveloc et du lai du Cor. — Je doute que le lai lyrique du Chèvrefenil (p. 120) ait rien à faire avec le lai de même titre attribué à Tristan.

3. L'expression A'vwr/ir/; indiquerait même le gallois plutôt que le breton armoricain.

4. Voir la remarquable introduction de ce savant à la deuxième édition qu'il vient de donner des lais de Marie (Halle, 1900).

5. Il est vrai que pour le mot Jaïtstic, qu'elle a formé avec le breton aostic

�� �