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28 LITTÉRATURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE

stituer, d'après Grégoire de Tours, sur l'expulsion et les amours de Childerich, où l'on reconnaît tous les caractères d'un poème germanique et dont les principaux traits se retrouvent dans plu- sieurs de nos chansons de geste, et celui qui chantait un « Chlo- doving », un fils de Chlodovech (plutôt, sans doute, qu'un de ses descendants '), et qui, en passant en français, a fait de cette épithète tout allemande le nom même du héros, Flodovenc , Floovent. Mais l'épopée allemande et la française, si elles pré- sentent certains traits communs ', sont en général parfaitement indépendantes et comme esprit et comme forme.

Un autre point sur lequel je diffère d'avis avec M. Suchier est celui de l'époque à laquelle on doit clore la période de la production épique issue de chants contemporains. Il est porté cà la prolonger jusqu'à la fin du xi'^ siècle, et il regarde la pre- mière croisade comme le dernier événement qui ait donné nais- sance à une véritable épopée. J'ai eu déjà souvent l'occasion de dire que je considère la période de véritable production épique comme close avec le x^ siècle, et que je ne regarde pas les poèmes sur la croisade comme semblables dans leur formation aux poèmes qui ont pour thème les événements des temps caro- lingiens ; je ne trouve pas qu'on ait rien opposé de solide à la première de ces opinions '. Quant à la seconde, elle ressort de l'examen des poèmes eux-mêmes, et il résulte de la façon dont M. Suchier les caractérise qu'il n'est pas loin lui-même de la partager. Pour tout le reste, je n'aurai à présenter sur ce cha- pitre que des observations de détail.

��1. Je me range sur ce point à l'opinion de M. Rajna, qui pense que l'attri- bution du récit initial de Fhoveiil à Dagobert est du fait du rédacteur des Gesta Dagoheiii (xe siècle).

2. Ils ont été signalés par M. Rajna avec autant de pénétration que de science.

3. Dans la liste des faits historiques qui ont laissé un souvenir dans l'épo- pée (p. 52-53), — liste que je ferais commencer bien avant 604, — l'auteur lui- même a dû laisser un vide entre 943, date de la mort de Raoul de Cambrai, et 1096 ; il dit cependant ailleurs, à propos du Coiironneitieiit de Louis, que la branche II de ce poème repose en partie sur les guerres des Normands en Sicile au xie siècle; évidemment il n'a pas eu assez de confiance dans son opi- nion pour l'enregistrer ici [cf. Roiiiaiiia, XXIX, 119, et XXX, 176].

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