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HISTOIRE DR LA LITTERATURE FRANÇAISE 25

à se produire que bien des siècles après la conquête romaine : quelle chance y a-t-il alors pour qu'elles soient d'origine cel- tique?

Je transcris ici la caractéristique générale de la littérature fran- çaise au moyen âge (p. 7) :

Le moyen âge français ne peut montrer de poètes qui aient la profondeur de pensée et la puissance verbale de notre Wolfram d'Eschenbach, ou l'ima- gination et la force plastique d'un Dante. Toutefois, sa littérature est non seulement la plus riche, mais, dans l'ensemble, la plus importante de cette époque. Aucune littérature du moyen âge n'a exercé une influence égale, aucune n'a possédé un tel charme. On a pu donner des formes littéraires nouvelles aux légendes de Charlemagne, d'Arthur, de Tristan, etc. : le noyau en est français, et ce sera toujours le mérite des vieux poètes français de les avoir, les premiers, introduites dans la littérature. La lyrique des troubadours a une grande signification historique, comme étant la première poésie indi- viduelle qui se soit produite depuis l'antiquité. L'ancien drame français a agi bien au delà des frontières du pays, et a été imité en Angleterre, en Ecosse, en Hollande et en Allemagne. Mais c'est dans le domaine narratif qu'est la grande importance de l'ancienne littérature française. Aucune littérature du monde n'est aussi riche en thèmes narratifs de tout genre; aucune n'a puisé à des sources aussi nombreuses et aussi diverses : légende nationale, germa- nique, celtique, littérature antique, chrétienne, juive, romans byzantins, nou- velles, contes et fables de l'Orient, elle a tout mis à profit. Aucune aussi n'a été comme elle, pour les peuples de l'Occident, depuis l'Islande jusqu'à Byzance (on a même raconté la guerre de Troie en grec d'après des sources françaises) une mine de récits de tout genre.

Une vue très ingénieuse de l'auteur est d'avoir fait entrer déjà dans cette introduction les origines de la poésie lyrique, comme remontant à une époque antérieure à tous les docu- ments. Il adopte à peu près complètement les idées que j'ai exposées dans ce journal même ', d'après lesquelles ces origines se rattachent aux fêtes du printemps ^. Il traduit à cette occa-

��1. Journal des Savants, 1892, p. 407-420 [et ci-dessous, V, Les origines de la poésie lyrique en France au moyen dge^.

2. L'auteur est-il autorisé à dire que la fête de mai est « germanique » (p. 10)? Les noms de calende de mai, kalenda maya, qu'il cite lui-même, ne portent guère à le croire (cf. Journ. des Sav. [et ci-dessous], 1. c).

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