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C LIGES 283

Nous ne savons sur la date de Thomas qu'une chose, qui a été récemment mise en lumière ', c'est qu'il a écrit son Tristan postérieurement à 1155, puisqu'il a imité et même copié en plusieurs endroits la Geste as Bretons de Wace, qui est de cette année. Cligês pouvant, comme nous l'avons vu, être daté d'environ 1170, il y a une marge bien suffisante pour que Thomas ait pu écrire son roman et Chrétien en avoir connais- sance ^

Telles sont les remarques de divers genres auxquelles donne lieu l'examen de la première partie du roman que nous étu- dions. Il est temps d'en venir à la seconde, la plus intéressante et la seule essentielle.

��IV

��LE POEME : DEUXIEME PARTIE.

Le roman proprement dit de Cligês est rattaché à celui d'Alexandre, qui lui sert de préambule, par un lien assez artifi- ciel. Pendant qu'Alexandre et Soredamours vivent heureux dans leur royaume de Galles, l'empereur de Grèce, père d'Alexandre, vient à mourir'. On envoie des messagers à Alexandre pour l'en informer et le ramener en Grèce ; mais le vaisseau qui les porte fait naufrage, et un seul des envoyés échappe à la mort ; or c'était un félon, un renoiié, qui aimait mieux Alis, le frère d'Alexandre que celui-ci : il revient en

��1. F. Lot, Ronidnia, t. XXVII, p. 42; J. Bédier, Fest^ahe fiïr H. Sucliier (Halle, 1900), p. 82 [cf. Thomas, Roman de Tristan, éd. Bédier, II, 46].

2. La connaissance de la version de Thomas n'apparaît pas encore dans Erec, en sorte qu'on peut croire que Chrétien n'a lu le poème de Thomas qu'entre Erec et Ctigès, et que c'est sous l'impression toute fraîche de cette lecture qu'il a donné à Cligês la forme que nous lui voyons

3. Le poète oublie de nous parler de l'impératrice Tantalis ; il faut sup- poser qu'elle meurt en même temps que son mari, comme plus tard Sore- damours.

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