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��LE ROMAN

��avec une grande armée. Arrivé en Angleterre, il fait Alexandre et ses compagnons chevaliers. La cérémonie a lieu sur le bord de la mer, et c'est dans la mer que les damoiseaux prennent leur bain rituel. La reine doit, suivant l'usage, donner à cha- cun d'eux la chemise de fête qu'il va revêtir ; en fouillant ses coffres à cet effet, elle y trouve une chemise de soie qu'avait cousue Soredamours : les coutures, au col et aux manches, étaient de fils d'or, et elle s'était amusée à y entrelacer des che- veux de sa tète, pour voir si on pourrait les distinguer de l'or; la reine envoie cette chemise à Alexandre, sans que ni elle ni lui connaissent le secret qui aurait donné pour lui tant de prix à ce présent. — Cependant Arthur marche sur Londres, dont les habitants, restés loyaux, vont à sa rencontre : Engrès s'enferme dans son château de Windsor ; le roi le suit, mais l'armée royale se trouve arrêtée par la Tamise. Alexandre et ses com- pagnons étrennent leur chevalerie par un hardi coup de main : franchissant le fleuve à la nage, ils engagent un combat où Alexandre prend quatre chevaliers ennemis ; il en fait don à la reine, sachant que le roi les aurait mis à mort comme traîtres ; mais Arthur les réclame et les fait, en effet, traî- ner. — Dans une visite d'Alexandre à la tente du roi, Soreda- mours, qui s'y trouvait avec la reine, remarque le col et les manches de la chemise où elle avait entrelacé ses cheveux ; elle veut en parler à celui qui la porte, mais, ayant trop longtemps débattu en elle-même si elle doit l'appeler « Alexandre » ou « ami », elle reste muette jusqu'à ce que la reine l'emmène. — La sécheresse de l'été permet enfin de passer la Tamise, et le vrai siège commence. — Alexandre est toujours assidu chez la reine : un soir, celle-ci remarque, à son tour_, aux manches et au col de la chemise du prince grec le cheveu dont l'éclat efface celui des fils d'or ; elle se rappelle alors qui l'a cousue, et fait venir Soredamours, qui, agenouillée devant elle et toute rou- gissante, révèle le mystère; Alexandre n'ose laisser voir sa joie, mais, rentré chez lui, il embrasse cent fois la chemise, baise et « adore » le cheveu : Bien fait Amors de sage fol ! — Cepen- dant les assiégés font une sortie de nuit, pensant trouver leurs ennemis endormis; mais les « royaux », avertis par leurs senti- nelles, se sont armés et repoussent victorieusement l'attaque. Alexandre, avec plusieurs autres, poursuit les fuyards; il a

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