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HISTOIRE DE LA LITTERATURE FRANÇAISE 23

mémoire. L'auteur annonçait, il est vrai (p. vu), que son ouvrage serait complété par des notes bibliographiques publiées à part, et je les attendais pour écrire ce compte rendu ; mais j'ai su de lui-même que la publication n'en était pas prochaine, et je ne veux pas tarder davantage à signaler au public français un ouvrage très remarquable qui doit l'intéresser particulièrement, et à indiquer ce qu'il apporte de nouveau : je le fais donc, au risque de tomber dans l'une ou l'autre des erreurs dont j'ai constaté plus haut le danger.

Le plan proprement dit de M. Suchier est un compromis entre les deux systèmes suivis d'ordinaire en pareille matière, et particulièrement dans l'histoire de notre ancienne littérature, la division par genres et la division par périodes. Après une introduction (I), il examine dans son ensemble l'épopée natio- nale (II), et il en fait autant, tout à la fin de l'ouvrage (VIII), pour le théâtre ; il consacre également un chapitre à part (III)- à la littérature provençale, que, à la différence de ses prédéces- seurs, il considère comme appartenant à la littérature française; mais, d'ailleurs, il divise son sujet, après un court chapitre (IV) sur les plus anciens monuments, en trois grandes périodes, qui vont de 1066 à 1204 (V), de 1204 à 1328 (VI), de 1328 à 15 15 (VII). On verra plus loin sur quoi se fonde la constitution des deux premières de ces périodes; la troisième, parfaitement justifiée, va de l'avènement de Charles de Valois à celui de Fran- çois P"". Acceptant cette division, — qui a, comme toutes les autres, des avantages et des inconvénients, — j'examinerai suc- cessivement chacun des huit chapitres qu'elle forme.

I. Les plus anciennes conditions de la vie et les commencements de la poésie populaire (p. 1-15). — Les premières pages sont un résumé élégant de ce qu'on sait des plus anciens habitants du pays situé entre le Rhin, les Alpes, les Pyrénées et la mer, que suivent quelques remarques sur le caractère des Gaulois (qui ferait encore le fond du caractère français), sur la conquête romaine, sur l'introduction du christianisme et sur l'influence exercée par les envahisseurs germains. Malgré ce qu'une aussi brève esquisse a nécessairement de sommaire^ l'auteur y intro- duit déjà des vues personnelles. Il en est une que je crois bien douteuse : « Le gaulois, comme l'indique déjà César, était divisé

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