Page:Mélanges de littérature française du moyen âge.djvu/241

Cette page n’a pas encore été corrigée

CUGÉS 237

ne paraissant avoir pris le sens figuré de « léser » qu'assez tard et n'ayant proprement que celui de « écraser, blesser, léser matériellement » ), et surtout qui donne une mauvaise rime '. S'il n'y avait pas ja dans les mss. indépendants P d'une part et 3 de Tautre (et li a navre de S est sans doute pour l'a ja «.), on lirait volontiers l'a esvevé ^ ; mais cet accord indique que la bonne leçon est dans P : l'aja vevé; le mot peu commun vevé ^^ qui convient très bien au style recherché de ce passage, a été remplacé par navré dans S et (i ; eslevé de A est une corruption qui fausse le sens, esgené de B une correction, admissible, au temps du copiste (fin du xiii^), pour le sens, mais qui fausse la rime.

631 Dont ne me vient il miauz parier Que foi me feïsse apeler ?

Les mss. ont paser S, penser ACTR, pener B, celer P (M manque). Parler, qui n'est dans aucun, est extrait de ces leçons par conjecture ; mais, ilialgré l'explication de l'éditeur, je crois qu'ici encore P a la bonne leçon, avec une rime riche et un sens excellent. Je comprends ainsi tout ce passage du monologue d'Alexandre : « Je peux m'es timer fou. Fou ? Vrai- ment, je le suis, puisque je pense une chose que je n'ose dire, car cela ne me causerait bien probablement que dommage. J'ai mis mon cœur à une folie. Dès lors ne vaut-il pas mieux

��1 . Il est très rare que Qirétien admette la rime ê (ee, er, e:0 sans la con- sonne d'appui (c'est le cas aux vv. 5653-4). Au V. 2297 je m'étonne que M. Fôrster n'ait pas conservé covre- ( : ovrei) de ACB, qu'il avait adopté dans la première édition, et qu'il ait préféré cele^ de SMPTR. Au v. 3749 il faut lire a seurte:^ ( : iiialeinie-) pour asciïrc- (P ot les seiirte:() ; a seurte^, écrit sans doute en un mot, n'a pas été compris (Ricb. le B., v, 3445, asseurte =^ a seiirte). Au v. 6006 je lirais jeté ( : oslé) avec P plutôt que coîé avec SAC (TRversé, M manque).

2. Esvevé n'a. qu'un exemple dans Godefroy, mais je l'ai rencontré assez souvent, bien que je n'en puisse pour le moment citer d'autre exemple.

3. Godefrov ne donne de vever que des exemples du xvie s. ; mais Roque- fort en avait cité un du Dialogue de saint Grégoire (1. I, ch. 10 : veveis s'y trouve deux fois, traduisant orbatus).

�� �