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215 L EPOPEE

��Cependant, dès 1870, F. Guess.ird avait fait au troisième des arguments de P. Meyer une objection fort judicieuse. Il avait relevé dans Aliscans trois exemples de la forme Naiineri, et il raisonnait ainsi : « Albéric n'a évidemment connu que des poèmes français, et même des poèmes français de la déca- dence, des chansons cycliques. Soit. Mais s'il a trouvé la forme Naimeri dans la chanson lV Aliscans, par exemple, où elle se rencontre trois fois, en résulte-t-il que ce soit une forme de France ? Et si elle n'en est pas, comment s'est-elle faufilée dans un poème d'origine purement française ? »

La question se pose, en effet, autrement qu'elle ne le faisait au temps où elle fut soulevée pour la première fois : le témoi- gnage d'Aubri, qui était précieux, mais contestable, tant qu'il était le seul, a perdu beaucoup de son importance maintenant que nous avons, au moins en partie, les poèmes auxquels il a emprunté la forme Neiiiericus, et c'est l'apparition dans ces poèmes de la forme Naimeri qui nous intéresse et qui demande à être expliquée '.

Cette forme figure d'abord dans Aliscans, et il est très possible que dans l'original elle ait été la seule employée. Le manuscrit de Venise (M de l'édition Rolin), si ancien en beaucoup de traits, paraît n'en pas connaître d'autre -, tandis que le manu- scrit de l'Arsenal (^7) ne la présente que trois fois, et que tous les autres manuscrits, plus récents de toutes façons, la sup- priment. Mais la mesure du vers la postule en deux endroits : 19 14 Et si venra tes père Naimeris {a M; les autres manuscrits ont tes pères Aimeris, ce qui est contraire à l'usage du poète) ;

��1 . Remarquons toutefois que, pour donner uniquement au père de Guil- laume, qu'il nomme plusieurs fois, le nom de Nfiiiericiis, il a dû connaître des poèmes où la forme avec 'N était 'plus constamment ou au moins plus fréquemment employée que dans les manuscrits qui nous sont parvenus (cf. ce qui est dit plus loin sur Aliscans). — Nos manuscrits nous donnent à peu près toujours (sauf les plus récents) Ainicri ou Ayiiieri et non Eiiieri : il me semble résulter de ce fait qu'Aubri connaissait les poèmes non pour les avoir lus, mais pour les avoir entendu chanter.

2. Il la donne au moins d'une façon prédominante ; c'est d'après ce manu- scrit que M. Rolin l'a introduite partout.

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