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entre les mains des terribles adversaires. Les infatigables continuateurs des premiers récits finissent pourtant par s’apercevoir que la vie de ce roi traditionnel de l’épopée lorraine se prolonge au delà de toute vraisemblance : ils annoncent enfin sa mort [1], et c’est sous son fils Charlemagne qu’ils placent les derniers épisodes de la grande guerre-.

Le poème d’Auberi le Bourguignon, qui offre plus d’un rapport avec l’épopée des Lorrains, lui ressemble encore dans la façon dont il représente et fiit agir le roi Pépin, qui y figure surtout dans la dernière partie. Après avoir protégé la juste cause d’Auberi et de Gacelin, il se laisse deux fois acheter par les présents du traître Lambert, et s’il finit par rendre justice à Gacelin et même par le couronner roi de Bavière, c’est que celui-ci a triomphé de tous ses ennemis et que Dieu lui a montré une visible protection [2].

Pépin ne joue pas un rôle beaucoup plus brillant dans les diverses versions du roman de Landri, fils de sa sœur (ou de sa fille) Olive, mariée à Doon de la Roche (ou à Hugon). Il se laisse convaincre sottement du crime imputé à l’innocente jeune femme, et reçoit du traître qui l’a calomniée de riches présents qui le gagnent à sa cause ; plus tard cependant, dans l’une au moins des versions, il prend en main le bon droit et contribue a le faire triompher [3].


dont leur cousin Hernaud favorise les amours, pendant que le mari n’ose se plaindre : « Girbertz la tient, et si la sert Gerins, S’en est richeuz Hernaudez li petiz, Si en est cous l’emperere Pépins : Tant est soffranz qu’il n’en ose tentir. » {Roman. Sludien, t. I, p. 5 16.) Je donne le texte qui résulte de la comparaison des manuscrits. Le mot richeut est un nom propre de femme, devenu synonyme d’ « entremetteuse » et ici appliqué àun homme : M.Godefroy, qui cite ce passage, propose de traduire richons, que donne le manuscrit suivi par M. Stengel, par « qui possède ».

1.

2. Voy. G. Huel, Les fragments (h la traduction néerlandaise des Lorrains (Remania, t. XXII, p. 363).

3.

4.

  1. Je n’ai pas trouvé cette indication dans nos manuscrits, mais elle résulte de la substitution de Charlemagne à Pépin dans le poème français qui a servi de base à l’imitation néerlandaise (voy. la note suivante).
  2. Voy. Le Roman d’Aubery le Bourgoing, p. p. Tarbé (Reims, 1849).
  3. Sur les différentes versions de ce roman, voy. Ward, A Catalogue of romances in the British Muséum, t. I, p. 671.