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I.A LEGENDE DE PEPIN « LE BREF » I97

Ce qui porte encore à le croire, c'est que cette allusion se trouve ailleurs expliquée d'une tout autre façon. Le roman en prose toscane de Fioravante, qui repose sur une compilation franco-italienne plus ancienne, nous dit que, le roi Gisberto étant mort, « dello re Gisberto non rimasese nonc uno figliuolo ch'ebbe nome il re Agnolo Michèle. Edel re Agnolo non rimase reda, ma rimase Çsic) uno siniscalco ch'era molto gagliardo e buono uomo, e diquesto siniscalco si nacque lo re Pipino ' ». Un petit poème généalogique composé en 1382- présente les choses différemment : effaçant presque complètement la tradition déjà bien obscurcie dans le Fioravante, il donne simplement au roi Gisberto un fils appelé Angelino, père d'un certain Amilio, Qiiak a Pippiiio poi fc' fare omaggioK On voit que dans la tradition représentée par ces deux passages s'est conservé plus ou moins vaguement le souvenir d'un « ange » qui, avant Pépin, aurait régné sur la France; mais précisément ce « roi ange » n'est directement rien' à Pépin "^ : dès lors que

��1. Dans Rajna, I Reali Ji Fraticia, vol. 1(1872), p. 4(S9. Le nom de Michèle, ajouté à Agnolo, est visiblement dû au l'édacteur du Fioravante, et lui a été suggéré par l'association habituelle entre Michel et ange. Il est clair que le compilateur ne sait plus ce que c'est que ce « roi ange ».

2. Gisberto da Mascona (vov. Rajna, / Reali, I, 226). 5. Rajna, I Reali, l, 273.

4. Plusieurs textes d'origine italienne qui se rattachent à cette tradition ont eu ridée de faire simplement d' « Agnolo « le père de Pépin. C'est ce que fait déjà le célèbre manuscrit XIII de Venise, où Buovo d'Antona appelle Pépin ceste fils d'Angelo, et dit de lui : Jamais li roi Angelo, li quai si fit son per, Si conio e poso ohlir e derasner, Ne li plage niais trùimento user (le manu- scrit porte ici ser au lieu de /'tT, ce qui avait d'abord induit M. Rajna en erreur: voyez I Reali, I, p. 54, et Zeitschrijtfiir romanische Philologie, XII, 488). Proba- blement le compilateur s'était refusé à séparer les « royaux de France » en deux lignées et à faire de Charlemagne le petit-fils d'un simple sénéchal. Il en est de même dans la mise en prose toscane d'une compilation analogue, sinon identique, dont le début a été récemment découvert : Fieravante (sic) a un fils appelé re Agniolo, « ello re Agniolo si rimane in Parigi, e àne un suo damigiello, el quale si chiama Pipino » {Zeitschr. f. rom. Phil., XV, 60) : il n'est pas ici question de Gisberto, et nous ne savons pas s'il en était parlé dans la compilation franco-italienne de Venise, à laquelle manque toute la

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