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1^2 L lil'OPLE

n'était même réelle, dit Jean d'Outremeuse, que relativement à la haute stature de ses contemporains. On pouvait d'ailleurs l'apprécier, car, d'après une légende de provenance érudite qui courait le pays de Liège aux xii^ et xiV siècles. Pépin avait élevé dans l'église de Herstal un crucifix qui était juste de sa taille, et cette taille était de cinq pieds, ce qui était une gran- deur raisonnable '. D'après Adenet il avait même cinq pieds et demi % taille à peine inférieure à la moyenne, même en tenant

��voulant marier son fils, le duc d'Aleuçon, avec Elisabeth d'Angleterre, demanda à l'envoyé anglais Smith si la petite taille du duc ne serait pas un obstacle. Smith répondit que non, et il cita l'exemple de Pépin le Bref, qui n'allait pas à la ceinture de la reine Berte (11. de la Perrière, Revue des Deux Moudei, I) octobre 1881, p. 889).

1. « Ly fis [de Chaniiaiiel] fut uns nains selonc la grandechc des gens qui adont rengnoient ; et se dient alcun qu'ilh ne tenoit que trois pies etdemy de long, mais je ne sa\s quels les pies estoicnt, mains al jour d'huy ilh sem- bleroit gran par raison, car ilh tenroit bien \' pies selonc chen que ons trueve en une hystoire approvee... Et se vos volés savoir la veriteit de sa grandechc, si aleis en l'engliese de Harsta, et regardeis le crucifis de l'engliese, que Pépin fist faire de sa propre grandeche pour avoir perpétuel mémoire de chen. » (Lv niireor des byslores, t. II, p. 484 ) Jean d'Outremeuse n'avait pas inventé celte histoire, qui se rattache à tous les récits pseudo-historiques par lesquels on a voulu naturaliser dans le pays de Liège la famille carolingienne. [*Une tradition veut que Pépin le Bref soit enterré à Molhain (Ardennes); vov. Mme Caduel, Xeii^es d\intaii, légeiidedu xi^ siècle, Givet, 1896, p. 3.]On lit dans les Gesla poiitificuni Tuiio^reiisiuin, Trajeclensiiiin et Leodiensiuiu ahhieviaLa (fin du xiiie siècle), à propos de Pipiiiitiii parvuiii , qui discerpsit Jeouetii, que le roi Pépin, ayant démoli un pont de pierre, bâtit avec les matériaux une église à Herstal (Harslaliuni), et in eadeni crucifixum stature sue collocavit (Pertz, SS., XXV, 129, 130). Ce passage se retrouve dans d'autres chroniques du pays de Liège (voy. Hénaux, Charlevugne, Liège, 1878, p. 174). Il a été naturelle- ment traduit par Jean des Prés (p. 484). — C'est aussi cinq pieds que donne à Pépin l'auteur de \a Berte en prose de Berlin :« Ufutreceu moult enviz des princes et chevaliers de son royaume, pour cause (et) eus partie qu'il avoit ung frère qui estoit aisné de luy, nommé Childerich, lequel se rendy moine (confusion d'une part avec Carloman, d'autre part avec Childû-ic III), et pour tant aussi que si petit estoit qu'il n'avait mve que cinc pies de haulteur, qui leur sembloit chose non avenant. » (Feist, /. c.)

2. Cinc pies ot et demi, de loue plu^ n'eu ot uiie, Mais plus hardie chose ne Ju onques choisie (Berte, v. 44).

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