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la scène est à Paris ; un lion terrible, qu'on nourrissait depuis longtemps, brise la cage où il était enfermé, tue son gardien, et se lance dans le jardin où le roi Charles Martel, entouré de sa flunille, prenait son repas ; le roi s'enfuit avec sa femme, mais Pépin s'empare d'un épieu, marche au lion et lui enfonce l'épieu dans la poitrine ; il n'avait alors que vingt ans '. Adenet a-t-il suivi une tradition particulière, ou s'est-il borné à développer la seule notion que lui fournissait la tradition ancienne, à savoir que Pépin avait tué un lion ^ ? La seconde hypothèse serait assez plausible : la prouesse de Pépin est ici plus banale que chez Notker, et un trait de courage tout à fait analogue a été attri- bué à d'autres qu'à lui K Toutefois un témoignage notablement antérieur à Adenet nous disant aussi que Pépin A Paris le lion vainqiii +, il faut plutôt croire que la scène s'était anciennement localisée dans le palais de Paris, et dès lors il est probable qu'elle avait pris la forme qu'elle a chez Adenet \

Tout autre encore est la façon dont le compilateur liégeois Jean des Prés ou d'Outremeuse, au xiv^ siècle, raconte l'exploit de Pépin. Celui-ci, du vivant encore de son père, a secouru le roi Udelon de Bavière contre les Hongrois et les Danois ; il atteint, dans une forêt, le roi Julien de Danemark qui s'enfuyait, le com- bat et va le tuer, « quant un grant lyon savage qui habitoit en chis bois si vient la corant  ». Le lion attaque Pépin ; une

��1. Berte ans graits pies, éd. Schclcr, v. 56-78. La mise en prose de Berlin ne lui donne que seize ou dix-sept ans.

2. Les allusions à ce haut fait sont généralement très vagues et ne sont pas nombreuses. On lit, par exemple, Pephi qui ccist le lion dans Mainet (IV, 55) et dans Doo/z de laRoche (v. 2042; cf. 2219).

3. Voy. P. Cassel, Lc)zcr;//.'rtw/'/'('(Berlin, 1875). Dans cette étude d'ailleurs fort savante, rnais gâtée par des rêveries mystiques, l'auteur, chose singulière, a précisément oublié le fameux combat de Pépin.

4. Le roiinvi du comte de Poitiers, p. p. Francisque Michel (Paris, 1831), V. 12.

5. Voyez aussi la remarque faite plus haut sur la statue de Notre-Dame.

6. Un lion dans une forêt de Bavière, cela n'a rien d'extraordinaire pour un romancier du xuie ou du xiv^ siècle. Mais Jean des Prés, rationaliste à sa manière, a trouvé bon d'ajouter une explication : « Chis lyons avoit longtemps

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