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LA LÉGENDE DE PÉPIN « LE BREF .>.

��Si l'on se souvient aujourd'hui du roi Pépin', en dehors du monde des érudits, c'est parce qu'il a été le premier roi de la race carolingienne et le père de Charlemagne. Son nom est, en outre, devenu inséparable du surnom de " bref », mot qui n'a même, en français, son sens latin de « petit de taille » qu'en s'appliquant à lui. Cependant notre ancienne épopée ne faisait pas à son souvenir une place aussi restreinte : il a été l'objet de récits et de chants épiques, qui ont presque tous disparu, mais qui ont laissé certaines traces; il joue en outre, dans diverses chan- sons de geste conservées, un rôle peu glorieux, il est vrai, mais central. Je voudrais esquisser ici ce qu'on peut appeler l'histoire poétique de Pépin; il y aurait certainement beaucoup à foire pour compléter ces indications ^ Si l'ami regretté en souvenir

��1. Je suis l'usage qui prévaut depuis quelque temps en imprimant Pcpiii ; mais anciennemenr lapremière voyelle de ce nom était un e féminin (venu du premier / de Pipiii =^ Pippinum par dissimilation). C'est ce qui explique les formes variées comme Pcupin, Piipiii, Popin, Poupin. L'histoire du nom coxnnxun pépin, d'origine inconnue et propre au français, est pareille à celle du nom propre. Dans son avant-dernière édition, l'Académie écrivait encore pépin (et cette prononciation s'entend encore) ; mais elle écrivait pcpinicre : cette inconséquence, signalée par Littré, a disparu de l'édition de 1878, où on lit pépin comme pépinière. Notons que c'est par erreur que Carpentier, suivi par Littré, Mrihue à pépin, dans un texte du xive siècle, le sens de >< jardi- nier » : les Pépins de la Pépinière sont les membres d'une famille Pépin dont la résidence s'appelait la Pépinière.

2. J'ai donné jadis une première ébauche de cette esquisse dans V Histoire poétique de Charlemagne , liv. II, ch. 11. Je rectifie ici tacitement quelques erreurs de détail contenues dans ce passage, et surtout j'ajoute des renseigne- ments nouveaux. Je laisse presque entièrement de côté, comme on le verra, l'histoire du mariage de Pépin avec Berte, qui remplit la p}us grande partie du chapitre de VHistoire poétique. — Mon ami Pio Rajna a bien voulu m'on-

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