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DA URËL ET BE TON 1 4 5

le trouvons dans Mainet, dans Jourdain de Blaie, dans Orscvi de Beauvais, dans Bovon de Hanstone, dans le poème tout saxon de Hom ; il rappelle les aventures prêtées à Childéric par les légendes franques et remonte bien probablement au vieux fond de Tépopée germanique. Dans Bovon de Hanstone, dans Jourdain de Blaie, comme dans Béton, ce jeune héros est le fils d'un père assassiné par un traître ; dans Bovon de Hanstone comme dans Béton, ce traître a en outre épousé la mère du héros. Mais dans Boi'on c'est avec la complicité de la mère que le père a été tué, et le fils joue le rôle d'Oreste en face d'Egisthe et de Clytem- nestre, tandis que dans Béton la mère est innocente et n'a épousé le traître que malgré elle. Il en est de même dans le poème encore inédit iX'Orson de Beauvais S si ce n'est que le traître, au lieu de tuer Orson, l'a vendu aux Sarrasins ; mais il y a ce rapport en plus qu'il est, comme dans Béton, le com- pagnon de celui qu'il trahit. L'empereur se montre aussi vénal, et dans les mêmes circonstances, dans bien des poèmes, et tout particulièrement dans Jourdain de Blaie et Orson de Beauvais. Le trait sublime et presque surhumain de la substitution, par un vassal dévoué, de son propre fils au fils de son seigneur pour être mis à mort par son ennemi se retrouve dans Jourdain de Blaie; M. P. Meyer signale une allusion qui porterait à croire qu'il en a existé une autre version dans notre épopée. Un tel dévouement n'a pu être imaginé que dans un milieu où les liens de fidélité personnelle primaient tout, même les liens du sang, et je ne doute pas que cette histoire, qui excite chez nous plus d'horreur que d'admiration, ne soit d'inspiration germanique. Il est à remarquer que des conditions pareilles produisent les mêmes sentiments : on sait qu'une légende analogue se retrouve dans les annales du Céleste Empire, et que Voltaire a tiré sa tragédie de l'Orphelin de la Chine d'une pièce chinoise sur ce sujet ^.

��1. Ce poème, dont Funique manuscrit se trouve à Cheltenliam, sera pro- chainement publié pour la Société des anciens textes [Orson de Beauvais, clmnson de geste du XI I^ siècle, publiée d'après le manuscrit unique de Chel- enham, par Gaston Paris (Société des anciens textes Jrançais), 1899.]

2. Le rapport de notre chanson avec celle de Bavon de Hanstone est assez

Q. Paris. — Moyen âge. 10

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