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se révéler enfin comme le neveu du roi, et venger son père in- justement banni . Il y a là un thème fort heureux, qui touche à des sentiments toujours prêts à s'éveiller chez les hommes : la pauvre apparence d'Aioul, la noblesse de son caractère, les grosses plaisanteries qu'on lui adresse et l'éclatante revanche qu'il prend, tout cela était bien fait pour exciter à la fois le rire, l'attendrissement et l'admiration. Le poète a développé l'élé- ment comique de son sujet d'une fiiçon que nous trouverions aujourd'hui excessive et surtout basse : il nous répugne de voir un héros aussi sympathique aux prises avec des gens aussi grossiers que ceux qui lui lancent, par les rues de Poitiers ou d'Orléans, l'insulte et la boue; mais cette délicatesse était étrangère aux auditeurs du xii siècle, à qui l'œuvre était destinée ', barons et chevaliers cependant -, etnous ne nous en plaindrons pas trop, car ces scènes rhyparographiqucs sont peintes avec une verve et une couleur qui nous les mettent toutes vivantes sous les yeux; voyez, par exemple, aux vers 2520 et suivants, un tableau de taverne digne de Teniers. La douceur constante d'Aioul, sa candeur, son inexpérience du monde, le souvenir qu'il garde constamment de son père malade et de sa mère qui a tant pleuré son départ, forment, avec les brutales et méchantes jovialités de ceux qui l'obsèdent, un contraste des plus heureux, surtout quand on se rappelle les prouesses qu'il a déjà faites et qu'il va accomplir. C'est bien pour lui que Chrétien de Troies semble avoir écrit ses deux vers :
Dieus ! com se joignent en lui bel Cuers de lion et cuers d'agnel !
Contrairement à la plupart des chansons de geste anciennes, celle d'Aioul a un caractère surtout individuel. Aioul, arrivé de ses landes en France, en vrai cadet de Gascogne, sans autre bien que son cheval et ses armes, se distingue bientôt entre tous et parvient au sommet de la gloire et du bonheur. C'est là un sujet
��1. Un lecteur ancien a gratté la première moitié d'un vers (2691), où le cynisme allait trop loin.
2. Le poète interpelle plus d'une fois par le titre de « barons » les auditeurs qu'il se représente comme devant écouter son œuvre.
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