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ii8 l'épopée

cette hypothèse n'est pas exempte de difficultés et d'invraisem- blances. Sans la discuter en détail, bornons-nous à admettre le fait évident que le poème était à l'origine tout entier en déca- syllabes, et voyons ce que pouvait'être ce poème primitif d'après ce qui nous en reste dans le remaniement.

Le commencement manque, et il semble bien qu'il ait manqué aussi au remanieur. Il est fort probable que la chanson d'Aioul faisait suite à une chanson plus ancienne et perdue, qui célébrait les exploits et les malheurs du comte Elie. Cet Elle avait épousé Avisse, sœur d'un roi Louis, dont notre poème fait, suivant l'usage épique, le fils de Charlemagne. Après avoir aidé puissam- ment Louis contre ses vassaux rebelles, Elie est victime des calomnies du traître Macaire de Lausanne; il est privé par le roi de tous ses fiefs et, tombé en outre gravement malade, il se réfugie avec sa femme dans les « landes de Bordele « : il est recueilli dans 1' « habitacle /> de l'ermite Moïse, où naît son fils Aioul, et où il reste quatorze ans gisant sur son lit. Dans la première laisse^ le romancier parle d'Élie comme d'un person- nage inconnu avant lui ; mais dès la seconde, qui appartient à l'ancien poème, nous lisons :

Bien avez oï dire et uns et autres Que quatorze ans estut enz el boscage, Coreços et dolenz, povre et malades '.

Cet ermite Moïse, qui nous apparaît tout à coup (v. 51, 8s) comme se mettant à la recherche d'Élie et le conduisant dans sa demeure, devait avoir pour cela des raisons qui ne nous sont pas données : c'était sans d(3ute déjà un personnage qui figurait dans la chanson d'Elie. Notons encore que le lieu où est l'ermi- tage n'est pas désigné au commencement ; c'est beaucoup plus tard (v, 2414, etc.) que nous apprenons qu'EUe et Moïse séjournaient à un endroit appelé « Mongaiant ». La façon dont Macaire avait réussi à perdre Elie dans l'esprit de son beau-frère n'est indiquée nulle part ^ Le roman italien à'Jjolfo deJ Barbi-

��1 . Vers 78-80 ; je rétablis les décasyllabes, transformés en alexandrins par le remanieur.

2, II n'est pas impossible qu'à l'origine ce (Vit le mariage (clandestin) d'I-'Iie

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