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ment régulier. Espérons que ces encouragements et ces secours ne lui manqueront pas. Une des raisons qui ont engagé les premiers fondateurs de la Société à la créer, à lui consacrer une part souvent considérable de leur temps et de leurs peines, est une considération étrangère à la science pure : ils trouvaient regrettable que les étrangers publiassent les anciens monu- ments de notre littérature avec plus ds zèle et souvent avec plus de compétence que nous. Cet état de choses n'a pas cessé, bien au contraire ; il s'est fondé en Allemagne des collections d'anciens textes français qui déploient une activité chaque jour plus grande ; de Suède, d'Italie, d'Angleterre, de Russie même, on vient dans nos bibliothèques copier nos manuscrits pour les mettre au jour avant nous. Rien n'est plus honorable pour la France d'autrefois que cet intérêt excité par sa littérature chez les étrangers ; rien n'est plus explicable aussi, car cette lit- térature est en effet à la base de toutes les autres littératures nationales, elle les a fécondées, elle les a souvent fait naître ; mais notre abstention ou notre langueur dans cette émulation ferait au contraire peu d'honneur à la France d'aujourd'hui. Tout en remerciant les bonnes volontés qui s'offrent à nous de toutes parts pour nous aider à déblayer et à mettre en lumière les restes de ce qui fut notre maison, il importe de montrer que nous savons aussi comprendre l'intérêt de ces recherches et les diriger avec méthode. Il ne faut pas que nous ressemblions à ces habitants barbares de pays autrefois célèbres, qui voient avec stupeur les étrangers accourir du bout du monde pour retrouver les cités enfouies sous le sol qu'ils foulent avec insouciance, et qui regardent, sans rien y com- prendre, sortir de terre, sous leurs yeux, les murailles des teniples et des palais élevés par leurs ancêtres, les images de leurs dieux et les inscriptions tracées dans une langue qui fut la leur et qu'ils n'essayent même pas de déchiffrer.

j'ai l'intention, dans les articles qui suivent, d'examiner ce que les publications de la Société des anciens textes ont apporté d'accroissements à notre connaissance de la littérature et sur- tout de la poésie du moyen âge. Je commencerai par étudier celles qui se rapportent à la partie la plus ancienne, la plus originale et la plus intéressante de cette poésie, l'épopée natio- nale. Six volumes jusqu'à présent lui ont été consacrés. Je les examinerai dans l'ordre où ils ont paru.

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