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les farfadets


de petits gnomes bruns
vertige à regarder cet océan : une goutte d’eau ; avoir assisté aux effroyables combats que se livrent ces monstres si diaboliquement armés : les libellules !

Il faut enfin avoir sondé avec les yeux de l’esprit ce gouffre habité par un peuple irréel pour nos sens, mais dont l’influence bonne ou mauvaise ne prouve que trop bien l’existence : la bulle d’air !

Certains esprits ne voient que la face des choses. D’autres, plus subtils, en voient aussi la pile. Le Bos était de ceux-là.

Il savait ce que pensent les fleurs, qui sont des âmes simples et rustiques matérialisées. Pourquoi la petite rose du mûrier a des griffes, et comment la pâle ortie défend son lait sucré avec ses dards vénéneux. Il avait lu dans le grand livre ouvert des champs et des bois.

Les ombres biscornues à forme de bouc que dessinent les halliers pendant les minuits pleins d’étoiles, ne l’intimidaient aucunement.

Pourtant, cette fois-là, ainsi qu’il le raconta depuis à Joël le Sonneur, en humant un piot de cidre, cette fois-là, il faillit quasiment rendre l’âme de male peur.

Adoncques, connue il remontait par une sente devers la forêt