Page:Médicis - Lettres, tome 02, 1563-1566, 1885.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et nésesité que avons heue de fayre sete pays, laquele, encore qu’éle ne souit come je l’ense bien désiraye, si ayspeirè-je, demourant lé fourses entre lé mayns du Roy mon fils et n’i comendent que luy et moy, que Dieu me fera la grase de mestre touttes chanse en tele seureté que après pouron comender set qui sera nésesère pour la conservatyon de nostre religion, et que me governeré de fason que Vostre Majesté et tou le monde conestra que n’é jeamès heu aultre but ny intantion, que conserver l’hauneur de Dieu et set royaume pour mes enfans, et pour avoyr bien ynstruit lesdist sieur d’Oysel ne fayré la présante plus longue, après avoir prié Vostre Majesté de le croyre de set qu’il vous dira de ma part, come se s’etoyt la personne mesme de

Vostre bonne seur et afectionné mère,
Caterine

.

1563. — Avril[1].
Aut. Arch. nat. collect. Simancas, K 1499. no 37.
A Madame ma fille

Madama mi hija, el Rey mi hijo embia al

    le bien de la chrestienté en telle recommandation, comme ses œuvres le tesmoignent à tout le monde, fist de sa part les offices qui seroient propres et convenables à cela ; afin que, d’une bonne et commune intelligence, les choses fussent conduites et menées au poinct que l’on les désire, qui est l’union de l’Église, le repos de la chrestienté et le salut de tant de pauvres ames qui tous les jours se perdent pas cette malheureuse division.

    « Ce que désirant le Roy faire proposer, tant à Nostre Saint-Père le Pape qu’à l’Empereur, il est délibéré de dépescher de bons personnages devers eulx, afin de remonstrer cela, mesme offrir de promouvoir que ladicte assemblée de Trente se transfère en quelque lieu de la Germanie, comme dict est, chose qui ne debvoit estre trouvée estrange, d’autant mesme que Nostre Saint Père le Pape, quand il fist l’indiction à Trente, n’arresta ce lieu si déterminement qu’il ne mist en suspens de le transférer ailleurs, sy le bien de la chrestienté le requéroit, et sy cela se pouvoit faire et obtenir, tant de Nostre Saint-Père que des princes, il y avoit espérance d’y rapeler tous ceux qui se sont séparez de nous, et y establir quelque chose de bon et utile pour toute l’Église.

    « Ledict sieur d’Oysel verra comme ledict sieur roy catholicque prendra cette ouverture, quelle response il y fera ; à quoy, par sa prudence et la connoissance qu’il a de l’intention de Sa Majesté, il pourra respondre et répliquer ce qu’il cognoistra estre nécessoire pour la conclusion d’icelle.

    « Et cela faict, après avoir bien vivement faict entendre le mal qui nous reste, auquel nous ne voulons onvieillir ny nous endormir, et qui nous resveille, et pour ceste cause remontrera que le propos que nous cherchons du concile n’est que pour ceste occasion, lequel estant où il est, nous ne pouvons espérer, d’aultant que ceulx qui sont séparez de nous ne le tiennent ny pour vray et légitime concile ny ne veulent s’arrester à ce qui y sera déterminé contre eulx : que le Roy Très Chrestien, qui ne cède à prince de la chrestienté en zèle et pieté envers Dieu, et de ferme et constante volonté à la maintenation de la foy catholicque, après avoir remonstré, exhorté et solicité Nostredict Saint-Père le Pape, les princes chrestiens et les pères par luy appelez à Trente de le secourir et de luy ayder à réunir ses subjectz, sera enfin, sy ce remede lui deffault, contrainct de venir à un concile national et à une bonne et sainte assemblée de ses subjets, à laquelle il puisse, par la grace de Dieu, trouver moien de les reunir, et composer le discord qui est entre eulx pour le faict de la religion, et trouver quelque moien par lequel leurs différendz seront pacifiez en ce royaume, et tous les subjectz d’icelluy réduitz soubz une mesme foy et religion, en ce qu’il n’espère que de Dieu seul, s’il lui en faict la grace, et peut-estre qu’à son exemple les autres princes, s’il s’y faict rien de bon et de sainct, s’y accorderont eulx mesmes et particulièrement trouveront ce qu’on ne peult entendre du concile general. (Copte, Bibl. nat., fonds français, no 3174, p. 83) — Voy. le mémoire de M. d’Oysel pour le roi d’Espagne (Arch. nat. collect. Samancas, K 1499, pièce 61) ; les réponses à faire à M. d’Oysel par ordre de Philippe II (ibid. pièce 62).

  1. Reçue le 26 avril. Nous n’avons pu retrouver l’original de cette lettre, dont la collection Simancas ne contient qu’une version espagnole que nous faisons suivre de la traduction française.