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Lettres
de Catherine de Médicis




1563. — Avril[1].
Aut. Arch. nat. collect. Simancas, K 1599. no 39.
A Mr mon fils le roi catholique

Monsieur mon fils, ayent en tent de fason coneu l’amitié que portés au Roy mon fils et come désiriés la conservation de son royaume, prinsipalement pour l’ayde et secours que lui avés donné en sa plus grande nésésité ; de quoy luy et moy nous en demouron tent aubligés que tout set qu’il aura jeamès de forse et de puisanse yl anployra tousjour et à touttes les fouys que l’an voldrés requérir pour V. M. d’ausi bon cœur que vous avés fayste lé vostres pour sa conservation ; à quoy yl ont tent et si bien servi que nous aystimons qu’il aye grandement aydé à nous fayre avoyr le repos et l’aubéisanse qui est deue au Roy mon fils de ses seugès, léquels se sont tous remis soubz son aubéisance par lé moyens que le sieur d’Oysel[2], présant porteur, dira hà Vostre Majesté, lequel le Roy mon fils vous envoye come à selui à qui y ne veult jeamès rien séler

  1. Reçue le 26 avril.
  2. Voici les instructions données à M. d’Oysel : « Après que Monsieur d’Oysel aura fait entendre au roy d’Espagne, devers lequel il est présentement covoyé, les grandes et justes causes qui ont meu le Roy, la Reine sa mère, tous les princes du sang et principaux du Conseil de Sa Majesté, de terminer les maux et calamités de ce royaume par le moyen d’une paix, les peines et difficultés qu’il a eues en l’affaire et le tout bien particulièrement déduit, comme il a sceu et cogneu pour avoir assisté en ceste guerre et esté employé en tout ce qui s’y est négocié pour le traité de paix, et mis peine de rendre capables, tant ledict sieur roy d’Espagne que les principaulx de son Conseil, tant de la grande et urgente nécessité qui l’a contrainct que de sa bonne et sincère intention au bien et conservation de la ligue, et amplement déclaré, comme il le sçaura très bien et très dignement faire mieulx qu’on ne lui sçauroit exprimer. « Le jour d’après, prenant l’occasion à propos, il viendra à découvrir que la source et l’origine d’où tant de malheurs sont procédez (qui ont depuis vingt ans troublé une partie de la chrestienté, et de fraiche mémoire ce royaume qui auparavant vivoit en tant de félicité) est la division de la religion, qui a mis aux esprits des hommes une telle aliénation que, finallement, ils en sont venus aux armes, laquelle, encore que par longues années elle ait esté poursuivie, tantost avec rigueur contre ceux qui avoient une religion différente des catholicques, tantost tolérée avec la seureté qui s’estoit expérimentée n’y pouvoir aporter nul remede prompt et salutaire, néantmoins il n’en ait pu sortir qu’une guerre très pernicieuse et de sy mauvais exemple qu’elle a non seullement ruiné et subverty la douce et tranquille liberté de cet Estat, consommé les biens et la substance de tous les subjectz du Roy, et tellement apauvry le royaume qu’il en a esté réduict