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A précédé tes pas au chemin de la vie,
Bientôt tu la verras, trop passagère fleur,
Perdre ce doux éclat qui fesait ton bonheur.
Ô femmes ! vos attraits passent comme la rose !


Si donc, sur ce sentier qu’un ami te propose,
Tu trouves la beauté qu’osa peindre sa main,
Ami, vole avec elle au temple de l’hymen ;
Et si, trompant l’espoir dont tu dois te repaître,
Le Ciel, aux douces fleurs que le printemps vit naître,
Fait succéder des fruits d’une amère saveur,
Tu pourras aux dieux seuls reprocher ton malheur.
Mais celui qui, pressé d’une trop vive flamme,
Va des mains du hasard accepter une femme,
Ou qui, d’un sage honneur osant braver les lois,
De celle qu’il méprise a fait l’indigne choix ;
S’il gémit accablé d’un malheur qu’il dût craindre
Artisan de ses maux, a-t-il droit de se plaindre ?


Vainement dans la lice un jeune ambitieux
Précipite les pas d’un coursier généreux ;
Des rênes qu’il saisit s’il méconnaît l’usage,
La victoire à son front refuse l’heureux gage.
Apprends donc à fournir la carrière où tu cours ;
Bannis, constant époux, les coupables amours.
Rappelle-toi le sort de cet oiseau volage
Qui, pour changer de nid, parcourut le bocage
Et vit, pour l’en punir, malgré son prompt retour,
Le sien, qu’il avait fui, témoin d’un autre amour.


De ta compagne, ami, partage la tendresse ;
Rends à son chaste amour caresse pour caresse.