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RIENZI.

froi. Les dames entrèrent dans la litière, et celle qui avait adressé la parole à Adrien le pria de les suivre sur le palefroi.

« Mais dites-moi… commença-t-il.

— Point de questions, cavalier, dit-elle avec impatience : suivez les vivants en silence ou restez avec les morts, comme il vous plaira. »

Là-dessus la litière se mit en route, et Adrien, de plus en plus étonné, monta le palefroi et suivit ses étranges guides, qui s’avançaient d’un bon pas. Ils passèrent le pont, laissèrent à droite la rivière, et bientôt montèrent une pente douce, où les arbres et les fleurs de la campagne commençaient à remplacer les murailles monotones et les rues désertes. Après avoir ainsi marché près d’une demi-heure, ils enfilèrent un chemin bordé de haies verdoyantes qui s’écartaient de la route, et tout à coup arrivèrent devant le portique d’un palais majestueux. Ici les dames descendirent de litière ; et Adrien, qui avait vainement essayé de tirer une parole du serviteur, mit également pied à terre. En les suivant il traversa une cour spacieuse, remplie, de chaque côté, de vases de fleurs et d’orangers, puis, une vaste salle placée à l’extrémité opposée de ce carré fleuri, et alors il se trouva dans un des sites les plus charmants que jamais ait admirés l’œil d’un mortel ou chantés la voix d’un poëte. C’était un jardin d’une verdure éclatante ; des bosquets de lauriers et de myrtes s’ouvraient de chaque côté sur de vastes galeries garnies de clématites et de roses ; à travers les arcades la perspective était limitée par des statues et des fontaines jaillissantes ; sur le devant, la pelouse était entourée de rangées de vases de marbre placés sur des piédestaux et remplis de fleurs. Des étages de larges escaliers de marbre blanc, menaient de terrasse en terrasse, ornées chacune de statues et de fontaines, jusqu’à moitié chemin sur une colline élevée, mais à pente douce et verdoyante.