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RIENZI.

vous êtes d’une hardiesse sans pareille, vous ne portez point de masque et ne respirez point de fleurs.

— Belle dame, je ne porte pas de masque, parce que je veux qu’on me voie, car je parcours ces misérables lieux pour trouver une personne dont la vie est ma vie.

— Il est jeune, de bonne mine, c’est un noble évidemment, et la peste ne l’a pas encore touché ; il fera bien notre affaire, dit tout bas une de ces dames à sa compagne.

— Vous êtes l’écho de mes propres pensées, répliqua celle-ci ; puis, se tournant vers Adrien, elle lui dit : Vous cherchez une personne à laquelle vous n’êtes point marié, puisque vous la cherchez avec une telle tendresse ?

— C’est vrai.

— Jeune et belle, avec des cheveux d’un noir d’ébéne et un cou blanc comme la neige ; je vais vous conduire près d’elle.

— Signora !

— Suivez-nous !

— Savez-vous qui je suis, et qui je cherche ?

— Oui.

— Pouvez-vous, réellement, me dire quelque chose d’Irène ?

— Je le puis ; suivez-moi.

— Vers elle ?

— Oui, oui ; suivez-nous ! »

Les dames se mirent en marche comme si elles ne voulaient pas s’expliquer davantage. Étonné, incertain, hésitant, et comme en proie à un rêve, Adrien les suivit. Leur costume, leurs manières et la pureté du langage toscan chez celle qui lui avait parlé montraient que c’étaient des personnes de haute condition, mais tout le reste était une énigme dont il ne pouvait trouver le mot.

On arriva à un des ponts, où les attendaient une litière et un domestique à cheval, tenant par la bride un pale-