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RIENZI.

dis-moi, sais-tu si Irène di Gabrini[1], l’hôtesse de la dernière abbesse, la sœur du tribun déchu de Rome, est encore au nombre des vivants ?

— Es-tu donc son frère ? dit la nonne, es-tu ce soleil éclipsé du matin ?

— Je suis son fiancé, répliqua tristement Adrien. Parle.

— Ô chair ! ô chair ! Quelle est donc ta puissance si tu règnes encore, même au milieu des triomphes et dans le lazaret du fléau ! s’écria la nonne. Insensé ! ne pense plus à ces liens charnels ; fais ta paix avec le ciel, car tes jours sont comptés.

— Femme ! s’écria impatiemment Adrien, ne me parle point de moi-même ; n’outrage point des liens dont tu ne peux pas connaître la sainteté. Je te le demande encore, par tout ce que tu espères pour toi de miséricorde et de pardon, Irène est-elle vivante ? »

La nonne fut frappée de l’accent énergique du jeune amant, et, au bout d’un instant, qui parut à Adrien un siècle de mortelle incertitude, elle répliqua :

« La jeune fille dont tu parles n’est point morte de la mort commune. Quand le petit nombre des sœurs épargnées se sont dispersées, elle a quitté le couvent, pour aller je ne sais où ; mais elle avait des amis à Florence, seulement je ne puis te dire leurs noms.

— C’est bien ! Dieu te bénisse, sainte sœur ! Dieu te bénisse ! Depuis combien de temps a-t-elle quitté le couvent ?

— Quatre jours se sont passés depuis que le bandit et la prostituée se sont emparés de la maison de Santa Maria, répondit la nonne en gémissant, et qu’ils ont succédé à mes sœurs fugitives.

  1. Le nom de famille de Rienzi était Gabrini.